Hier se tenait l’assemblée générale du géant industriel Siemens. Une réunion qui convoquait près de 10 000 actionnaires et n’a finalement pas tourné au règlement de comptes avec la direction, comme on pouvait s’y attendre.
Les griefs des actionnaires étaient pourtant nombreux, notamment concernant les affaires de corruption dans l’entreprise. Les premières révélations sur les caisses noires de Siemens datent d’un an. Siemens a compté jusqu’ici 1,3 milliard d’euros de fonds douteux dans ses comptes, sous la forme de dessous-de-table pour décrocher des contrats internationaux.
L’entreprise est poursuivie dans plusieurs pays, a perdu un patron, et déboursé 1,6 milliard d’euros sous forme d’amendes ou de frais d’enquête interne. Le chiffre risque d’exploser avec la sanction de l’autorité boursière américaine SEC. Siemens, coté aux Etats-Unis, redoute en effet de devoir y payer jusqu’à 4 milliards d'euros, selon la presse.
Toutefois, ce sujet hautement épineux n’a suscité que peu de remous lors de l’AG. Les actionnaires de Siemens ont été largement amadoués par les bénéfices juteux annoncés par l’entreprise qui, sous la direction, de Peter. Löscher, a renouvelé le directoire, fait la chasse aux salariés compromis, simplifié la structure nébuleuse d’un groupe présent dans 190 pays et qui fabrique aussi bien des trains que des ampoules électriques ou des centrales au gaz.
Le dirigeant a, qui plus est, présenté hier des résultats trimestriels brillants. Le bénéfice net de Siemens a bondi au premier trimestre de l’exercice décalé entamé le 1er octobre, passant de 788 millions d’euros il y a un an à 6,5 milliards grâce à une cession majeure. La vente de la filiale d’équipements automobiles VDO à Continental a gonflé le résultat de 5,4 milliards d’euros environ. Le bénéfice opérationnel sur le trimestre a augmenté de 16 % à 1,7 milliard d’euros et le chiffre d’affaires de 10 % à 18,4 milliards.
Et les carnets de commandes sont si bien remplis que Peter Löscher a dit ne pas craindre une récession aux Etats-Unis où Siemens est la première entreprise allemande.
Mieux encore pour les actionnaires, le groupe a annoncé le rachat d’actions pour 2 milliards d’euros au printemps (du 28 janvier jusqu’à fin avril). Le programme de rachat d’actions a été annoncé en novembre dernier. Il est d’un montant de 10 milliards d’euros jusqu’en 2010.
En revanche, point noir, la division énergie est plombée par une charge de 200 millions d’euros.