La justice allemande a renoncé à mettre en examen Heinrich von Pierer, l’ex-patron du groupe Siemens touché par un vaste scandale de corruption, mais l’affaire est encore loin d’être terminée.
Chez Siemens, l’affaire, qui concerne un total 1,3 milliard d’euros dans des caisses noires, a éclaté fin 2006 et n’en finit pas depuis de faire des vagues. Elle n’a donné lieu pour le moment qu’à une seule décision de justice : une amende de 201 millions d’euros à été infligée à l’automne 2007 à la division « Com » (systèmes de communication), celle par qui le scandale est arrivée.
Mais elle a durablement chamboulé le groupe, un mastodonte qui emploie plus de 400 000 personnes et vend de tout, trains, turbines, électroménager ou encore matériel médical. Le nouvel homme fort, l’Autrichien Peter Löscher, est parti en guerre contre ce qu’il qualifie de « pratiques criminelles » et a fait valser les dirigeants. Il assure avoir remplacé « nettement plus de la moitié » des 100 premiers échelons, dans un entretien au magazine Focus à paraître demain.
En justice, outre les enquêtes en cours contre les autres divisions que Com, les anciens dirigeants, y compris Heinrich von Pierer, ont encore à craindre des poursuites au civil de la part de la société elle-même. Le conseil de surveillance de Siemens envisagerait ainsi de se retourner contre son ancien chef, rapporte le quotidien économique Handelsblatt.
Aux Etats-Unis enfin, où l’action Siemens est cotée, c’est le gendarme boursier SEC qui pourrait sévir. Le groupe redoute de son propre aveu une sanction financière « conséquente ».
Heinrich von Pierer peut toutefois respirer. Le parquet de Munich a estimé qu’il n’avait « pas assez d’éléments » pour une mise en examen et va se contenter de poursuites pour manquement par le dirigeant à son devoir de contrôle. L’ancien capitaine d’industrie, qui a dirigé le groupe pendant treize ans avant de passer deux ans à la tête du conseil de surveillance de 2005 à 2007, risque au pire une amende d’un montant maximal d’un million d’euros mais il n’y aura ni procès ni prison.