Petite forme de l’autre côté de l’Atlantique. Comme on s’y attendait, le PIB américain n’a pas excellé en début d’année, malmené par la conjoncture économique et financière. La croissance reste péniblement à 0,6 % au premier trimestre, en rythme annuel, son niveau du trimestre précédent. Il faut remonter au quatrième trimestre 2002 pour trouver une croissance plus faible, a indiqué le département du Commerce.
Ce chiffre était également très attendu par les économistes qui sont en majorité convaincus que les Etats-Unis sont déjà entrés en récession. La définition la plus courante de la récession est la succession de deux trimestres de croissance négatifs. Cependant le bureau chargé de leur datation aux Etats-Unis a une définition plus complexe prenant en compte plusieurs facteurs, notamment celui d’une période prolongée de faiblesse économique.
Ce chiffre du PIB a également été examiné à la loupe par la banque centrale américaine (Fed) qui doit trancher dans la journée sur le niveau de son taux directeur, actuellement fixé à 2,25 %. Une majorité d’analystes table sur une baisse d’un quart de point puis sur une pause de sa politique monétaire, le temps de voir les premiers fruits des actions menées depuis l’été dernier.
Qu’est-ce qui a permis de sauver la croissance au premier trimestre ? La forte reconstitution des stocks qui a contribué pour 0,81 points à la hausse du PIB. Sans la production stockée, la croissance serait tombée dans le rouge à - 0,2 % alors que ce que l’on appelle la « demande finale » atteignait encore + 2,4 % au trimestre précédent.
Ailleurs, la morosité est palpable. La consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance, a fortement ralenti (+ 1 % après + 2,3 %), pour atteindre son niveau le plus bas depuis le deuxième trimestre 2001. Le rapport officiel révèle un plongeon des achats de biens durables (- 6,1 %) tels que les voitures par exemple. Mais les achats d’autres biens ont aussi reculé (- 1,3 %) et seuls ceux de services ont progressé (+ 3,4 %).
Dans un contexte de crise de l’immobilier, l’investissement résidentiel a continué de chuter (- 26,7 % après - 25,2 %), affichant son neuvième trimestre consécutif de baisse et retirant l’équivalent d’1,23 point à la croissance.
Du côté des entreprises, l’investissement est aussi devenu négatif (- 2,5 % après + 6 %), ce qui est la baisse la plus forte en quatre ans, en raison d’une baisse des investissements dans les infrastructures comme dans les logiciels et équipements.
Les dépenses publiques ont augmenté de 4,6 % (après +0,5 %), dopées par les dépenses liées à la défense.
Enfin, la balance commerciale n’a pas réussi à doper la croissance en dépit du dollar faible, puisqu’elle a contribué pour 0,22 point seulement à la hausse du PIB contre 1,02 au trimestre précédent. Les exportations ont augmenté de 5,5 % seulement (après + 6,5 %) et les importations sont reparties à la hausse (+ 2,5 % après - 1,4 %).
Du côté de l’inflation, l’indice des prix lié aux dépenses de consommation (PCE) a fléchi à 3,5 %, contre 3,9 % au trimestre précédent. Hors alimentation et énergie, il a décéléré à 2,2 % après 2,5 %. C’est une amélioration mais on reste au dessus de la limite supérieure de la Fed, qui voudrait voir l’inflation de base rester en deçà de 2 %.
Par ailleurs, le secteur privé non agricole a déjoué les pronostics en enregistrant 10 000 emplois en avril, contre une destruction de 60 000 emplois prévue, selon le cabinet de gestion en ressources humaines ADP, dont l’enquête est considérée comme une indication des chiffres officiels attendus vendredi.
En mars, l’économie américaine a créé 3 000 emplois au lieu des 8 000 annoncés en première estimation.
Enfin, l’indice des directeurs d’achat (PMI) de Chicago est ressorti à 48,3 en avril alors qu’il était attendu à 47,5. Au mois de mars, l’indicateur s’était établi à 48,2. Un indice inférieur à 50 indique une décroissance de l’activité du secteur.