A peine deux jours après la grève générale lancée par l’opposition libanaise et qui a fait trois morts et quelque 133 blessés, les grandes puissances se penchent sur l’avenir d’un pays ruiné par la guerre de cet été entre Israël et le Hezbollah et endeuillé par la mort de l’ex-Premier ministre, Rafic Hariri.
Organisée à Paris, cette réunion « Paris –III » rassemblera aujourd’hui les représentants d’une quarantaine de pays et d’institutions internationales, en présence notamment du nouveau secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, de la secrétaire d’Etat américaine, Condolezza Rice, et du président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso.
Tous se pencheront sur la crise financière qui menace le pays. La dette libanaise atteint les 41 milliards de dollars. Les affrontements militaires de cet été, outre les dégâts humains, ont détruit des pans entiers de l’économie libanaise, laissant des villes et des paysages meurtris par les bombardements. Première victime, le tourisme. Cet été, le Liban s’apprêtait à recevoir plus de 170 000 touristes, ils auront finalement été moins de 30 000. Même la saison d’hiver subit les contrecoups de la guerre. Habituellement fréquentées par des riches habitants des pays voisins du Liban, les stations de ski du pays – enneigées elles - n’attirent que quelques sportifs, la plupart étudiants. L’année dernière, les investissements avaient été nombreux dans ces régions de montagne.
Déjà affaibli dans par les conflits durant les décennies précédentes, ce petit pays de 4,5 millions d’habitants affronte à nouveau une crise financière, économique et politique puisque le gouvernement anti-syrien du Premier ministre, Fouad Siniora, est chahuté.
La France, partenaire de longue date, a d’ors et déjà promis une aide de 500 millions sous forme de prêts « à des conditions très avantageuses ». « Cette contribution très significative exprime l’amitié profonde, la solidarité et la confiance qui unissent la France au Liban et à tous les Libanais », a déclaré le chef d'Etat. « Un Liban en bonne santé économique profite non seulement aux Libanais mais aussi à la Syrie et à tout le Proche-Orient », fait remarquer un diplomate français témoignant de l’état d’esprit de Jacques Chirac pour qui le Pays du Cèdre est un maillon indispensable sur l’échiquier oriental.
L’Union européenne a elle annoncé une aide supplémentaire de 400 millions d’euros pour la reconstruction de ce pays jusqu’en 2010. Au moins 300 millions d’euros seront destinés aux réformes socio-économiques et politiques, au redressement économique du Liban, aux opérations de déminage et d’enlèvement des engins non explosés et à l’aide aux réfugiés palestiniens du Liban.
Les Etats-Unis ont parlé d’une contribution dont le montant devrait dépasser les 177,8 millions d’euros déjà débloqués en 2006 par Washington.
La réunion de Paris vise à prolonger les efforts consentis lors de la conférence du 31 août 2006 à Stockholm, où 980 millions de dollars avaient été promis au Liban pour se reconstruire.
Au total, le Liban espère obtenir cinq millions de dollars et ainsi réduire la dette - en la faisant passer de 180 % à 144 % du PIB en 2011. Fouad Siniora présentera aujourd’hui les mesures de son plan de redressement économique, qui lui ont valu la grève de mardi : parmi ces réformes, figurent l’élimination du déficit budgétaire en cinq ans, des initiatives pour attirer les investisseurs étrangers et des mesures pour renforcer le système de sécurité sociale et réformer l’administration, la hausse des taxes sur les carburants, le relèvement de la TVA entre 2008 et 2010, l’ouverture du capital d’Electricité du Liban et la privatisation du secteur de la téléphonie mobile en 2007, puis de Liban Telecom en 2008.
Ce programme s’accompagne d’un volet social, avec notamment une extension des dispositifs de sécurité sociale et la construction de logements.
Ces dispositions ne satisfont pas l’opposition libanaise, soutenue par la Syrie. Damas avait dû en avril 2005 mettre fin à presque trente ans de présence militaire au Liban en raison de la réprobation internationale suscitée par l’assassinat de Rafic Hariri mais continue de jouer de ses réseaux libanais.