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Interview exclusive de Jean-David Haddad sur sa méthode basée sur la sociologie des marchés

Article du 17/10/2025
Yoann Laurent-Rouault, biographe, chroniqueur et ancien directeur littéraire et artistique de JDH EDITIONS, interroge Jean-David Haddad au sujet de son livre L'INVESTISSEUR GAGNANT et de sa méthode basée sur la sociologie des marchés qu'il applique au niveau de ses recommandations sur Francebourse.com

Yoann Laurent-Rouault : Nous allons parler de votre dernier livre « L’investisseur gagnant ». Que vous présentez comme le premier livre au monde qui aborde la sociologie des marchés financiers ! Est-ce que justement ce n’est pas un peu présomptueux de votre part, de dire que c’est le premier livre au monde qui aborde le sujet ?


JDH : Ce n’est pas présomptueux de le dire, dans la mesure où c’est factuel. Et à ma connaissance, je n’ai pas trouvé d’ouvrages déjà édités se portant précisément sur ce thème. J’ai fait des recherches en plusieurs langues, aidé de l’IA, et je n’ai trouvé aucun livre qui rallie « radicalement » sociologie et bourse. Dans le but de conseiller l’investisseur, bien sûr. Maintenant est-ce qu’il y a des études universitaires qui ont été faites autour de cette idée et qui ne sont pas publiées ? Certainement…
Il peut y avoir des conférences aussi, mais à ma connaissance, le sujet n’est pas abordé sous l’angle original que je propose. C’est d’ailleurs la question que je me suis posée avant même d’écrire sur le sujet. Est-ce vraiment de l’innovation ce que je propose ? La sociologie est une science humaine qui étudie les comportements des individus et leurs interactions. Selon les époques et selon les mœurs. D’un pays à l’autre et d’une civilisation à l’autre. La sociologie est une matière première dans les études politiques, en criminologie et dans bien d’autres disciplines. Mais personne n’a jamais pensé à appliquer la sociologie au monde de la finance et au marché financier. Puisque j’ai à la fois une formation universitaire en finance, mais aussi en sociologie, je me suis intéressé à la relation cachée entre finances et sociologie. Ce qui génère des observations. Entre autres questions, pourquoi certaines actions sont-elles des totems et pourquoi d’autres sont-elles délaissées ?

Pourtant, quand on y réfléchit, la sociologie et l’économie sont liées, de causes à effets… C’est surprenant que les choses n’aient pas encore été vues sous cet angle…

À mon avis, le frein vient du fait que les sociologues sont très souvent des gens de gauche qui ont une vision très sociétale de nos comportements. Politique et historique. Et la finance, au contraire, c’est un organe qui valorise énormément l’individualisme. Les financiers sont, contrairement aux sociologues, des gens très libéraux. Souvent des gens issus de la droite libérale et du centre droit. Sociologues et financiers sont en général en désaccord entre eux, et pour causes ! Les sociologues diabolisent la bourse et les financiers répondent que les sociologues « sont de pauvres petits gauchistes à l’esprit étroit ». C’est peut-être aussi pour cela que le pont entre ces deux entités n’a jamais été créé.

Votre idée serait donc d’allier la sociologie aux lois du marché, pour l’expliquer ?

Exactement. Les deux domaines s’interconnectent. C’est une évidence. La sociologie peut aussi bien expliquer les marchés financiers comme elle explique la criminalité ou les comportements politiques et sociétaux. Ou du fait, les comportements commerciaux…

Alors en quoi ce livre est-il un événement ? Puisque ce que vous décrivez, existe déjà plus ou moins, en « off » des catalogues des libraires… beaucoup d’auteurs, jusque dans le trading et ses méthodes, ont évoqué cette piste.

Parce que le sujet n’est pas vraiment connu du grand public. Il est mal défini. Ce type de projections pour investir est rare. On y pense, mais on n’applique pas. C’est intuitif, mais dans les faits, il n’y a pas de guide écrit pour l’investisseur. Du fait aussi que pour le moment, mon public et d’autant plus restreint (rire). Donc il faut communiquer sur le sujet et c’est pour ça que j’essaye « d’évangéliser ». De sensibiliser le public sur le sujet.

Et sur quels terrains officiez-vous, « mon père » ?

Par exemple, demain, je suis invité à une conférence à l’AFATE. Je vais parler de ce livre et de cette méthode. Et bien évidemment, je vais multiplier les actions… en réel et en numérique. Je crois que ma vision des marchés, de leurs influences par la société apporte quelque chose de neuf au panorama.

Par exemple, demain, sur quoi portera votre conférence ? Sur la méthode que vous proposez dans ce livre ?

Oui. Et d’expliquer d’où je pars et où j’arrive. Classiquement, dans la démarche financière, valoriser une entreprise cotée en bourse, c’est un ratio financier connu. Or il se trouve qu’eux-mêmes, puisque c’est les investisseurs qui font le marché, vont délaisser des entreprises de très bonne qualité et en ajouter d’autres « au panier », qui sont pourtant moins établies. Et ceci uniquement parce qu’elles les font beaucoup plus rêver que les entreprises traditionnelles. Ma méthode va donc consister à comprendre pourquoi certaines sociétés vont avoir un rang social élevé dans l’esprit de ces gens-là, alors que d’autres pas ne l’auront pas du tout.

Si je comprends bien, vous analysez les modes et les tendances financières des investisseurs ?

Ma méthode va consister à essayer de chercher les modes opérantes sur les marchés, de non seulement les comprendre, mais aussi d’anticiper les actes de consommations de la société dans sa globalité. De prendre en compte des facteurs aussi divers que le bien-être social, l’écologie, les aides de l’état, la politique générale… de « sauter » par-dessus les classements de genres et les idées reçues. J’essaye de comprendre l’impact de ces modes par rapport aux cours de certaines actions… Parce que ces actions-là seront potentiellement recherchées par les investisseurs, même si elles sont vendues très cher. Pourtant, si on se base sur les règles de l’analyse financière classique, on ne devrait jamais acheter d’actions qui se vendent à 30 fois ou 40 fois au-dessus du seuil des bénéfices annuels d’une entreprise… et pourtant on voit que parfois c’est le cas.

Il y a une véritable volonté d’état pour que les gens achètent tel ou tel produit que fabriquent et distribuent ces entreprises. Pour la consommation de masse, j’observe qu’il existe une sorte d’intelligentsia qui utilise toutes les structures qu’ils ont à disposition pour promouvoir des idées et des préceptes, écologie en tête. Des idées qui nourrissent donc les marchés financiers. Et toujours est-il, que par ce fait, la consommation est liée à une action politique qui devient sociologique… un gouvernement va créer des primes et donner des subventions pour faire passer une idée… il va faire de la communication et payer des publicités tous supports si nécessaire… donc la frontière entre sociologie et politique est mince dans le cas présent et pourtant, le résultat influence les marchés !

Elle est mince, je suis d’accord, et je vous rejoins complètement en donnant l’exemple de Tesla. Tesla, il y a 15 ans, tout le monde s’en moquait. Mais ces dernières années, le titre a complètement flambé. Parce qu’il y a eu cette volonté politique derrière lui. Alors, l’électrique de Tesla est devenu sexy avec le temps… beaucoup plus sexy que celui des entreprises chinoises qui font elles aussi de l’électrique. Musk est un chef d’entreprise charismatique, et cela joue aussi dans l’inconscient collectif. Il faut alors essayer de comprendre ce qui pousse les investisseurs. Prendre en compte les facteurs sociologiques. Même si ces récents déboires politiques le desservent.

Je voudrais creuser un autre aspect de votre méthode : les classes sociales sont étiquetées par leurs pouvoirs d’achat. Les disparités sont nombres. Vous dites qu’il faut « sentir » les effets des modes pour investir. Mais il y a aussi le vecteur de l’instabilité sociale et politique qui entre en ligne de compte… alors il y a une limite « naturelle » au système… non ?

Ce n’est pas tellement « les gens » qui investissent… ce sont les fonds des grosses banques qui investissent… ils font 90 ou 95 % du marché. Maintenant, la question de savoir si les gens, c’est-à-dire les gens comme vous et moi, des honnêtes particuliers qui placent un peu de leur argent en bourse investissent ou pas, ceci n’aura de l’impact que sur des petites sociétés… c’est ce qu’on appelle les microcapitalisations, qui agissent le plus souvent sur des PME qui sont cotées en bourse. Là, il y aura un impact si instabilité politique il y a. Mais en France pour l’instant, ce n’est pas le cas. Il n’y a aucune statistique qui montre qu’il y a une décollecte, c’est-à-dire une baisse de l’épargne. Mais nous ne sommes jamais à l’abri d’un mouvement social qui serait influencé par une peur sociale. Par exemple, si tous les épargnants retiraient leur argent des banques cela pourrait s’avérer catastrophique pour le système bancaire. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé, plus ou moins, en 2008.

Quels résultats avez-vous obtenus concrètement avec votre méthode ? Vous en tant qu’investisseur ou en tant que conseiller en investissement…

Très honnêtement, je m’aperçois que depuis que je m’intéresse beaucoup plus au narratif des entreprises et à la manière dont leurs actions vont marquer l’état d’esprit des gens, et que je m’intéresse en parallèle à l’émergence des modes, par exemple la grande mode d’aujourd’hui c’est la souveraineté européenne, et il faut acheter des actions ils sont liés au phénomène, qu’il soit militaire ou autre, je m’aperçois que les performances du portefeuille de Francebourse sont nettement meilleurs que les années précédentes. Maintenant, je vais être très honnête, j’ai commencé vraiment depuis le début de l’année à appliquer systématiquement ces nouveaux préceptes, que j’avais en tête depuis toujours, mais qui étaient flous dans mon esprit, donc le laps de temps est encore trop court pour établir un jugement argumenté. Mais, je vais dire que mon premier constat factuel sur la méthode est très positif.

La souveraineté européenne passe par une débauche de technologie… C’est sur la technologie qu’il faut investir, selon vous ?

La technologie acquise et développée permet aux Européens de contrôler leur propre système d’information, sans devoir faire appel aux étrangers.

Donc, il faut miser sur l’indépendance que procurent les avancées technologiques ? Il faut miser sur le parapluie technologique européen…

Oui, exactement. On peut prendre l’exemple des satellites de communications pour exemple… ou les progrès en guidages balistiques, ou encore les programmations et les logiciels et les simulations numériques… Ma méthode se destine à ceux qui veulent mieux comprendre les marchés et pour l’appliquer, il faut bien la comprendre et sentir ou même deviner les tendances.

Il y a la culture du marché, mais il y a aussi une grosse part d’intuition dans votre méthode. La méthode n’est pas que sociologique, elle est aussi psychologique.

Oui, il y a une part d’intuitif. Mais il y a des outils factuels à utiliser aussi, comme l’IA… on peut mesurer les occurrences et confronter ses intuitions avec les faits. Mais il faut savoir s’en servir. Je pense écrire prochainement sur une méthode d’utilisation de l’IA. C’est d’ailleurs suggéré tout au long du livre…
Comment je fais mes recherches sur le web, comment je nourris mes connaissances sociologiques, comment je me sers de mon intuition et comment j’applique ma méthode pour les recherches… ce sera certainement votre prochain opus…

Merci, monsieur Haddad, pour cet entretien.

Merci à vous.

Par Yoann Laurent-Rouault, pour Francebourse.com

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