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Comprendre le Window Dressing : le rituel des gerants de fonds en novembre

Article du 10/11/2025
Chaque année, entre le début et la fin du mois de novembre, un phénomène discret mais déterminant se joue sur les marchés financiers : le window dressing.
Littéralement, cela signifie “habillage de vitrine”. L’expression peut sembler anecdotique, mais elle traduit un mécanisme clé de la gestion de portefeuille institutionnelle, qui a souvent un impact concret sur la performance de nombreux titres, y compris ceux détenus par les investisseurs particuliers.

Qu’est-ce que le window dressing ?

Le window dressing est une opération de maquillage comptable et stratégique réalisée par de nombreux fonds d’investissement à l’approche de la clôture annuelle.
Les gérants cherchent à embellir la composition de leurs portefeuilles avant de publier leurs rapports aux clients, aux actionnaires ou aux régulateurs.

Autrement dit, il s’agit d’afficher à la fin de l’année un portefeuille “propre”, qui donne une impression de cohérence et de réussite, même si le parcours de l’année a été plus chaotique.

Concrètement, les gérants vont :

-vendre les lignes décevantes (valeurs en forte baisse, titres polémiques ou illiquides) ;

-renforcer les valeurs vedettes (les “stars” du marché, celles qui ont le vent en poupe et qui rassurent les investisseurs) ;

-réduire les positions risquées pour afficher un profil plus défensif au moment du reporting.

C’est un processus régulier, mécanique, et parfois cynique, mais il répond à une logique institutionnelle : à la fin de l’année, les clients ne regardent pas les trajectoires, ils regardent les photos. Et les gérants le savent.

Pourquoi cela se produit-il en novembre ?

La plupart des fonds clôturent leurs comptes au 31 décembre, mais le window dressing commence bien avant cette date.

On distingue généralement deux vagues :

-La première quinzaine de novembre : les grands fonds internationaux, souvent anglo-saxons, anticipent leurs ajustements. Ils commencent à solder certaines positions spéculatives ou volatiles, notamment sur les marchés européens où la liquidité se réduit.

-La deuxième quinzaine de novembre : les gérants français et européens prennent le relais. Ils finalisent leurs arbitrages et procèdent aux ajustements définitifs pour afficher, au 30 novembre ou au 31 décembre, des portefeuilles “présentables”.

Ce décalage explique pourquoi novembre est souvent un mois irrégulier en Bourse : certaines séances apparaissent incompréhensibles pour le grand public, alors qu’elles obéissent à une logique purement comptable.

Quelles sont les conséquences sur les marchés ?

Le window dressing agit comme une mini-redistribution des cartes.
Certaines valeurs sont mises en avant, d’autres sont temporairement délaissées, sans que cela ne remette en cause leurs fondamentaux.

Les valeurs pénalisées

-Les actions qui ont fortement baissé dans l’année : les gérants s’en séparent pour ne pas les voir apparaître dans leurs bilans.

-Les titres “polémiques” : entreprises en restructuration, valeurs technologiques jugées trop volatiles, small caps en perte de liquidité, etc. De là à expliquer la baisse d'Atos, il n'y a qu'un pas, comme le montre la vidéo récente réalisée sur le sujet :
www.youtube.com

-Les dossiers complexes, sur lesquels un gestionnaire n’a pas envie d’avoir à se justifier auprès de ses clients.

Ces ventes massives créent souvent des baisses artificielles, qui peuvent constituer de très belles opportunités d’achat pour les investisseurs patients, notamment dans la deuxième moitié du mois.

Les valeurs favorisées

-Les actions “consensus” : grandes capitalisations solides, valeurs de croissance rassurantes, leaders de secteur.

-Les sociétés ayant publié récemment de bons résultats ou appartenant à un narratif fort (énergie propre, intelligence artificielle, cybersécurité, etc.).

-Les titres défensifs à dividende élevé, souvent perçus comme “refuges”.

Ces valeurs bénéficient temporairement de flux acheteurs supplémentaires.
C’est souvent dans ces périodes que se forme le socle du futur rallye de fin d’année, qui prend le relais dès que le marché estime la purge terminée.

Le window dressing et le “rallye de fin d’année”

Le window dressing et le rallye de Noël ne sont pas des phénomènes contradictoires : ils sont complémentaires.
L’un prépare l’autre.
Le window dressing nettoie les portefeuilles.
Le rallye de fin d’année valorise les survivants et réintègre les titres injustement délaissés.
Il arrive fréquemment que la correction de début novembre soit la dernière avant une phase haussière prolongée jusqu’à la fin de décembre.
Mais pour cela, il faut que les marchés trouvent un équilibre — autrement dit, que les gérants aient terminé leurs ajustements.

Ce qu’il faut retenir pour l’investisseur gagnant

Le window dressing n’est pas une menace : c’est un mouvement saisonnier.
Il faut le comprendre et parfois savoir l’utiliser à son avantage.

->Ne pas paniquer en cas de baisse injustifiée sur une valeur de qualité.

->Profiter d’éventuelles exagérations de marché pour se positionner à meilleur prix.

->Comprendre que les flux de novembre ne reflètent pas toujours la réalité économique, mais des contraintes de gestion.

Enfin, il faut savoir que le window dressing est un phénomène mondial, qui touche tous les marchés, mais qui est souvent plus marqué en Europe, où les publications trimestrielles et les clôtures calendaires coïncident.

En résumé

Le window dressing est à la fois un nettoyage comptable, une opération d’image, et une préparation stratégique à la nouvelle année boursière.

Il ne remet pas en cause la tendance de fond, mais il peut la perturber à court terme.
Et c’est souvent dans cette perturbation que se nichent les meilleures opportunités d’investissement, pour ceux qui savent lire au-delà du bruit.

Jean-David Haddad
Auteur de l'Investisseur gagnant (https://amzn.to/49FOhkz)
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