Grèves : le mouvement se poursuit en attendant les négociations mercredi
Article du 19/11/2007
Sixième jour de grève contre la réforme des régimes spéciaux. A la SNCF et la RATP, le mouvement a été reconduit lundi. Le trafic est encore perturbé surtout en Ile-de-France, aussi bien sur les lignes SNCF (transilien) qu'à la RATP, où courent toujours les préavis de grève des syndicats CGT, FO, Sud et Unsa.
La SNCF prévoit 300 TGV sur 650 prévus, 76 Corails sur 300 et près d'un TER sur deux en moyenne. Aucune amélioration n'est prévue à la RATP, avec une rame sur deux ou trois en moyenne pour les lignes 1, 2, 3, 4 lundi matin, un métro sur cinq pour les autres lignes et un trafic « très fortement perturbé ou quasi-nul » sur les lignes A et B du RER.
Un point positif : les syndicats des deux entreprises ont accepté, pour la première fois, de s'asseoir à la table des négociations, laissant espérer une sortie de crise.
Dimanche soir, les six syndicats de la SNCF ont en effet participé aux séances de négociations proposées par la direction de l'entreprise à partir de mercredi, tout en maintenant un mot d'ordre de grève pour 24 heures. Même Sud-Rail, deuxième syndicat de l'entreprise qui tient les positions les plus dures dans ce conflit, a assuré qu'il serait « bien présent » aux négociations.
A la RATP également, trois syndicats (CGT, FO et trois sections de l'Unsa) sur les quatre qui soutiennent la grève, ont indiqué dans un communiqué publié dimanche peu après minuit, qu'ils étaient prêts à participer à une négociation proposée par la direction mercredi, tout en maintenant leur mot d'ordre de grève.
Le gouvernement, les syndicats et les dirigeants des entreprises concernées ont multiplié les concertations et les initiatives au cours du week-end pour tenter de dénouer la crise. Le ministre du Travail Xavier Bertrand a lancé un appel aux agents « qui seraient tentés de faire grève »: « ce n'est pas cette grève qui pourra apporter la moindre solution au conflit », a-t-il dit.
Coût pour la RATP : l'équivalent de 100 bus neufs
La grève a déjà coûté cher à la SNCF et la RATP. « La grève nous a déjà coûté plus de 100 millions d'euros, soit le montant que je pensais mettre sur la table des négociations », a déploré la présidente de la SNCF Anne-Marie-Idrac dans un entretien à La Tribune publié lundi. « Nous avons besoin de signes rapides de reprise du trafic. Nos clients n'en peuvent plus ». « La réforme est inéluctable et doit être adaptée à chaque entreprise », a-t-elle ajouté. « D'un point de vue industriel, le fret vit une situation dramatique. Les risques de chômage technique d'entreprises faisant appel à nos services sont réels, comme les menaces de rupture d'approvisionnement en hydrocarbures », souligne la président de la SNCF. Concernant les revendications en matière de salaire et d'emploi, elle déclare : « Nous avons de la marge financière pour négocier et sommes prêts à discuter avec les syndicats ». La direction de la RATP estime pour sa part que la grève lui a d’ores et déjà coûté 24 millions d’euros ce qui revient à l’achat de « 100 bus neufs ».
Dimanche, ils étaient des milliers (15 000 à 20 000 selon les organisateurs, 8 000 selon la police) à avoir bravé le froid et les difficultés de transports pour dire leur mécontentement. Les manifestants antigrève et antiblocage des universités ont défilé dans les rues de la capitale avec des slogans comme « Grévistes, égoïstes » ou encore « Stop la grève », à l’appel de plusieurs associations libérales.
Mais le mouvement va se poursuivre demain et sera rejoint par la grève des fonctionnaires pour les salaires et les réductions d’effectifs. Huit syndicats de fonctionnaires (CGT, CFDT, Force ouvrière, CFTC, CFE-CGC, Unsa, FSU, solidaires) ont appelé à des manifestations en province.
Par ailleurs, la coordination étudiante a appelé les grévistes dans les universités à se joindre à la journée de mobilisation dans la fonction publique prévue mardi et a également incité les lycéens à manifester jeudi contre la loi Pécresse sur l'autonomie des universités.
