Le groupe pétrolier public Rosneft, devenu numéro un russe grâce aux actifs de feu son concurrent Ioukos et au soutien de l’Etat, ne cache pas ses ambitions : se hisser dans le trio de tête mondial énergétique d’ici 2020. Ces déclarations du PDG Sergueï Bogdantchikov au quotidien Vedomosti paru jeudi devraient amadouer ses actionnaires, justement réunis à Moscou pour la deuxième assemblée générale du groupe depuis son entrée en Bourse en 2006, alors que le parfum de scandale qui avait entouré l’opération à l’époque s’est largement dissipé. Rosneft, qui pompe à lui seul 22 % du pétrole russe, est actuellement l’un des chouchous des investisseurs du marché russe, convaincus que le groupe va pleinement bénéficier de la nouvelle donne politique en vigueur depuis l’entrée en fonctions du nouveau président Medvedev.
Pour l’heure, Rosneft ne se classe qu’au douzième rang des compagnies pétro-gazières en Bourse, très loin des premiers de la classe que sont ExxonMobil, PetroChina et Gazprom, remarque le journal. Mais il a dégagé l’an dernier près de 13 milliards de dollars de bénéfice net.
Le démantèlement Ioukos a permis à Rosneft de récupérer ses meilleurs actifs. Ces acquisitions ont toutefois laissé dans son portefeuille une dette de près de 30 milliards de dollars, selon l’agence de notation financière Standard and Poor’s. Et les analystes n’excluent pas qu’il puisse aussi mettre la main sur une partie du groupe russo-britannique privé TNK-BP, troisième producteur du pays, et actuellement en pleine tourmente judiciaire, même si son rival Gazprom est généralement donné favori dans la bataille.
En attendant, Rosneft devrait aussi figurer au premier rang des bénéficiaires de la réforme fiscale que prépare Vladimir Poutine à l’intention des producteurs de pétrole. Le Premier ministre a fait de la relance de la production de pétrole russe, actuellement stagnante, une de ses priorités. Rosneft a promis de produire 160 millions de tonnes de brut d’ici 2015, contre 100 millions cette année. Le groupe a promis d’investir plus de 8 milliards de dollars cette année, dont les trois-quarts dans le secteur de la production.
