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Le pétrole n’en finit plus de grimper

Article du 21/05/2008
Un à un, le baril de brut fait tomber tous les records. Hier, le pétrole s’est attaqué au seuil de 130 dollars, dans un contexte où tout enflamme les prix : l’attitude de l’OPEP, des nouvelles qui alimentent au quotidien le sentiment que l’offre reste précaire alors que la demande explose et le spectre d’un épuisement plus rapide que prévu des réserves mondiales.
L’emballement des prix de l’or noir semble ne jamais devoir s'arrêter. Après avoir touché 100 dollars le 2 janvier, le baril de pétrole a collectionné les records et sauté une à une les barres de prix : 110 dollars le 13 mars, 115 dollars le 16 avril, 120 dollars le 5 mai, 125 dollars le 9 mai. Hier, les prix se sont propulsés à courte distance des 130 dollars, montant jusqu'à 129,60 dollars à New York, avant de se replier en fin de séance à 129,07 dollars (+2,02 dollars par rapport à lundi), ce qui constitue un record de clôture.
A Londres, le baril d'or noir a dépassé pour la première fois les 128 dollars à 128,07 dollars en séance, et a fini la journée à 127,84 dollars (+ 2,78 dollars par rapport à la veille), un plus haut en clôture également.
Les cours ont ainsi plus que doublé en un an des deux côtés de l’Atlantique.

Le principal ingrédient, présent dès 2002, est l’inquiétude suscitée par la croissance de la demande pétrolière dans les pays émergents, notamment en Chine, sachant que l’offre, elle, augmente moins vite : mois après mois, l’équilibre entre offre et demande se resserre. L’escalade des prix résulte de ce sentiment, partagé par une majorité d’opérateurs : alors que la demande ne cesse de progresser dans les pays émergents, l’offre peine à suivre, notamment chez les producteurs hors-OPEP.
Du côté des producteurs hors OPEP, le tableau n’est pas très réjouissant en effet : confrontés à l’épuisement de nombreux gisement, de nombreux producteurs peinent à maintenir leur rythme de production. Le marché fondait de grands espoirs sur la capacité des Russes à fournir au marché les barils réclamés par ces nouveaux consommateurs, Chine en tête. Espoirs déçus : depuis le début de l’année, la Russie a affiché une stagnation et un dirigeant de Loukoïl a même prophétisé un déclin de la production nationale.
L’Organisation des Pays Producteurs de Pétrole (40 % de la production mondial) n’a rien fait pour calmer les prix. Depuis septembre, le cartel pétrolier contemple, impassible, l’envolée des prix et se garde d’agir. Les producteurs de l’OPEP craignent que les prix s’effondrent s’ils mettent trop de pétrole sur le marché, qu’ils jugent correctement approvisionné. Le cartel persiste à imputer la flambée aux spéculateurs, aux insuffisances des raffineries américaines, et aux « tensions géopolitiques » a également entretenu l’envolée.
Dans ce contexte, la tension du marché est également entretenue par un compte-goutte de nouvelles faisant état de perturbations de l’offre : arrêt d’une raffinerie américaine lundi, perturbations dans le transport de pétrole en France hier, tensions au Nigeria.
Le pessimisme est enfin alimenté par le spectre d’un épuisement plus rapide des réserves pétrolières, qui se profile en toile de fond. Et l’on reparle de « pic pétrolier ». Pour les scientifiques qui défendent cette thèse (notamment les membres de l’ASPO, Association for the Study of Peak Oil), la production mondiale de pétrole atteindra un pic - à une date qui fait débat - et connaîtra ensuite un inexorable déclin.
Autre caractéristique de ce dernier mouvement : il touche les prix à long terme du pétrole, les opérateurs tablant sur un pétrole très cher pour longtemps. Prenant acte de l’explosion des prix, analystes et experts révisent leurs prévisions de prix, ce qui renforce encore le climat haussier du marché. Goldman Sachs a ainsi pronostiqué début mai un baril à 200 dollars d’ici six mois à deux ans. Hier, la Société Générale a relevé de 120 à 122 dollars sa prévision de prix pour le second semestre. Les experts de la société d’études Cyclope s'attendent à une année 2008 erratique et imprévisible pour le pétrole.
Avec le calendrier, un dernier piment pourrait encore faire grimper les prix : la « driving season » (saison des grands déplacements automobiles aux Etats-Unis) approche, réclamant de vastes quantités d’essence.
Signe que les incitations purement spéculatives à acheter du pétrole sont passées au second plan, la faiblesse du dollar, un facteur essentiel ces derniers mois, n'entre plus cette fois en compte. « Les six derniers dollars pris par le pétrole l’ont été malgré une remontée de la valeur du dollar », soulignent les analystes du courtier américain Cameron Hanover. En érodant leur pouvoir d’achat, la remontée du dollar aurait dû éloigner les investisseurs du marché du pétrole. Ils n’en ont jamais été aussi friands.
L’OPEP campe pourtant sur ses positions à ce sujet. Le cartel résiste aux appels à relever sa production. Les cours élevés actuels n’ont rien à voir avec un problème lié à l’offre et la demande mais sont provoqués par la spéculation et par un dollar faible, a déclaré à nouveau le secrétaire général du cartel, Abdullah al Badri à Reuters hier.
Le calme ne devrait pas se faire rapidement sur le marché pétrolier.

Francebourse.com, avec AFP


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