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BCE : Sa politique divise les économistes

Article du 07/07/2008

Aux rencontres économiques d’Aix-en-Provence, la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne a été examinée sous toutes les coutures. Il en ressort, chez les observateurs, des points de vue différents, même si tous reconnaissent la difficulté voire l’inanité de sa tâche, entre crise financière et regain d’inflation.
Pour le patron de la BCE, l’objectif du dernier relèvement des taux directeurs à 4,25 % est d’assurer « la stabilité des prix à moyen terme ». Une « stabilité » qui doit protéger « les plus démunis et les plus défavorisés de nos concitoyens », explique Jean-Claude Trichet. « La stabilité des prix est une condition nécessaire de la croissance durable et de la création d’emplois durables », souligne-t-il, ajoutant : « nous avons créé au cours des neuf premières années d’existence de l’euro 15,7 millions d’emplois, ce qui est beaucoup plus qu’auparavant et un peu plus qu’aux Etats-Unis ».
Pour le président du Conseil d’Analyse Economique, Christian de Boissieu, ce relèvement des taux directeurs européens, « même modique » (de 0,25 %), était au contraire « inopportun » et l’institution aurait dû et pu attendre un peu. En outre, l’impact de cette politique monétaire sur l’euro est « un peu embêtant pour la compétitivité des entreprises ».
Pour Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, « les banquiers centraux sont confrontés à un dilemme » : d’un côté les risques d’une récession économique, consécutifs à la crise du crédit, de l’autre l’inflation « parce qu’on est dans une situation de hausse continue des matières premières ». « A partir du moment où l’inflation repart, je crois qu’une politique de frappe préventive comme celle que veut mettre en oeuvre la BCE est adaptée », estime-t-il, souscrivant à l’analyse de la BCE selon laquelle le plus grand risque serait d’entrer dans une spirale inflationniste où les hausses des salaires succèdent aux hausses de prix. Une fois apparue, il est trop tard et trop coûteux de l’arrêter. « On est installé durablement dans un cycle de hausse des prix des matières premières, qui se traduit par un appauvrissement des pays consommateurs et un enrichissement des pays producteurs », ajoute-t-il.
Prenant acte de cette situation, Jean-Claude Trichet demande en somme aux salariés de se serrer la ceinture pour éviter la spirale inflationniste, résume Patrick Artus, chef économiste chez Natixis. « Le combat de Trichet est beau et désespéré. Il a raison, mais comme il a raison tout seul, ça ne sert à rien », conclu-t-il. « S’il n'avait rien fait, cela aurait été pire: les marchés financiers auraient pensé qu’il n’était pas sérieux, que l’inflation progressait et qu’il s’en moquait », ajoute-t-il toutefois, montrant pas là l’ardeur de la tâche pour la BCE.
Une mission rendue encore plus périlleuse par la nouvelle donne internationale. « Jusqu’à présent, toutes les crises précédentes se réglaient entre pays riches », rappelle Patrick Artus. Désormais, alors que 90 % de la création de monnaie vient des pays émergents ou producteurs de pétrole et 80 % de la croissance de la demande mondiale de pétrole de la Chine, ce sont ces pays qui déterminent les prix du pétrole et la politique monétaire, explique-t-il. « On a globalisé les économies, on a globalisé les marchés financiers, en face de ça, il faut des institutions globales et une coordination des politiques mondiales », avance l’économiste qui plaide pour un « super-FMI », ouvert aux pays émergents et doté d’un « vrai mandat global ».

Francebourse.com, avec AFP


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