Lors d’une présentation samedi, aux rencontres économiques d’Aix-en-Provence, le président de Renault, Carlos Ghosn, a dit s’attendre à « une rentrée difficile » sur le marché automobile français. « Il y a une corrélation assez directe entre les ventes de voitures et l’indice de confiance des consommateurs en France », a souligné le patron. Or, « depuis trois mois, l’indice de confiance des consommateurs a plongé, et la baisse continue, mais les ventes de voiture n’ont pas décroché ». En effet, malgré l’envolée des prix des carburants, le marché automobile français s’est montré solide au premier semestre, avec une hausse de 4,5 % des ventes. « Notre interprétation, c’est qu’elles n’ont pas décroché parce que le bonus-malus (écologique, ndlr) continue à avoir un effet de bonification » sur les ventes. « Mais l’expérience montre que ces effets ne durent pas très longtemps. Donc, je m’attends à une rentrée difficile », a ajouté le PDG de Renault-Nissan.
Et la difficulté sera double. Car avant de vendre il faudra construire dans un contexte de renchérissement des matières premières bien handicapant. Carlos Ghosn craint « une inflation très forte des coûts sur l’industrie automobile ». En 2008, Renault « paiera 1 milliard (d’euros) de plus qu’il y a trois ans » pour son acier, « c’est à peu près 50 % de la totalité du profit de Renault », souligne-t-il. « Pour l’année prochaine, on s’attend à payer la même chose : 1 milliard d’euros en un an ». « L’augmentation des coûts, au lieu de passer par un pic, est en train de s’accélérer, et ça, pour l’instant, les consommateurs n’en ont vu qu'une petite partie », estime-t-il. « Jusqu’à maintenant, les constructeurs automobiles ont absorbé les augmentations du coût de l’acier et de l’aluminium parce qu’il y a des surcapacités. Mais ça va devenir intenable et, petit à petit, les augmentations de prix vont passer sur les marchés et déprimer les marchés », selon son pronostic. Le groupe automobile a déjà augmenté ses tarifs « en moyenne de 1,5 % » en juin pour répercuter la hausse des matières premières. Le constructeur absorbait jusqu’à présent l’essentiel de cet impact en comprimant ses marges bénéficiaires.