Malgré des signaux pessimistes sur l’économie européenne, le CAC 40 engrange ce soir à la clôture 1,85 % à 4 400,55 points. A noter que l’indice parisien repasse ainsi la barre de 4 400 points.
Hausse également en séance à la Bourse de New York après la publication du rapport du cabinet ADP qui a fait état d'une reprise inattendue de l’emploi dans le secteur privé américain en juillet. Le secteur privé a créé en juillet 9 000 emplois. C’est mieux que ce à quoi s’attendaient les analystes qui tablaient sur 60 000 destructions de postes. En juin, le secteur privé a finalement détruit 79 000 postes.
L’enquête ADP est publiée chaque mois quelques jours avant les statistiques officielles du marché du travail. Celles de juillet seront publiées vendredi. « Ce rapport laisse espérer que les chiffres gouvernementaux montreront également une reprise de l’emploi », commente Peter Cardillo, d’Avalon Partners. « On ne s’attend pas à une annonce de création d’emplois vendredi, mais le rapport ADP permet d’espérer des suppressions d’emplois moins nombreuses qu’attendu », estime pour sa part Patrick O’Hare, du site d'information financière Briefing.com.
Bonne nouvelle également pour l’immobilier US. Volant au secours des emprunteurs et des organismes de refinancement hypothécaires dans la tourmente ces dernières semaines, George W. Bush a signé un vaste plan de sauvetage de l’immobilier, a indiqué la Maison Blanche.
Provoqué par la plus grave crise de l’immobilier depuis la Grande Dépression de 1929, le plan a été conçu à la base pour aider les emprunteurs étranglés par leurs mensualités, en relevant notamment le plafond des prêts immobiliers qui peuvent obtenir une garantie publique. Le texte prévoit aussi tout un volet sur Fannie Mae et Freddie Mac, les deux géants du refinancement hypothécaire, qui ont frôlé l'implosion au début du mois et dont la faillite aurait des conséquences incalculables pour l’économie américaine. Il permet à ces deux groupes d’accéder à plus de capitaux publics, en autorisant le Trésor jusqu’à la fin 2009 à acheter des actions des deux organismes ou à leur prêter plus d'argent.
Enfin, le reste du secteur financier ne se porte pas trop mal aujourd’hui y compris Merrill Lynch qui vient de lever 8,5 milliards de dollars sur le marché pour purger ses comptes des produits financiers vénéneux du « subprime ». « Certains investisseurs pensent que les pires nouvelles concernant les dépréciations liées à la crise du crédit sont désormais sur la table », note Frederic Dickson, de DA Davidson.
Autre nouvelle de nature à soutenir le secteur, la banque centrale américaine a annoncé une nouvelle action concertée avec la Banque Centrale Européenne et la Banque nationale suisse pour étendre les facilités de crédit consenties aux banques dans le cadre de la lutte contre la crise du crédit.
Moins bonne nouvelle en revanche : les stocks d’essence se sont fortement contracté (de -3,5 millions de barils) ce qui constitue une mauvaise surprise. Les stocks de brut sont en modeste repli de 100 000 barils, bien moins qu’attendu. Enfin, on note une hausse surprise des produits distillés à + 2,4 millions de barils au-delà du consensus.
En revanche, l’heure est moins à l’optimiste de ce côté-ci de l’Atlantique où les signaux alarmants s’accumulent pour la croissance en zone euro.
La Commission européenne a annoncé un recul important de son indice de confiance économique qui résume l’opinion des chefs d’entreprises et des consommateurs : il cède 5,3 points comparé au mois de juin, à 89,5 points. Il s’agit du plus fort recul mensuel de la confiance économique depuis octobre 2001, juste après les attentats du World Trade Center. L’indicateur est désormais à son plus bas niveau depuis mars 2003, soit un peu plus de cinq ans.
C’est une « horrible » perte de confiance, selon Howard Archer, économiste chez Global Insight, qui cite parmi les causes possibles la hausse des taux de la Banque Centrale Européenne le mois dernier, qui a rendu le crédit plus cher, et les craintes d’un nouveau durcissement de la politique monétaire. « L'activité économique de la zone euro faiblit maintenant de manière marquée, et les perspectives de croissance sont plutôt sombres », souligne Howard Archer. Le pétrole cher et l’euro fort, les turbulences sur les marchés financiers et le ralentissement américain commencent à se ressentir et alimentent les craintes d’une éventuelle récession dans la zone euro.
La confiance a baissé en juillet dans tous les secteurs mais le déclin est « particulièrement prononcé dans les services », relève la Commission européenne. Son enquête fait apparaître des « reculs significatifs » en Italie (- 9,6 points sur un mois) et en Grande-Bretagne (- 7,2 points) ainsi que, dans une proportion un peu moindre, en France (- 4,7 points), en Allemagne (- 4,2) ou aux Pays-Bas (- 3,9 points).
Selon une autre enquête de la Commission, mesurant cette fois la confiance des seuls industriels, l’indice du climat des affaires a également nettement reculé, à - 0,21 point contre + 0,13 point en juin.
Selon l’institut Capital Economics, la chute de confiance est « une nouvelle preuve d’un ralentissement marqué de l’économie de la zone euro », après déjà plusieurs mauvais indicateurs.
Facteur aggravant, l’inflation, déjà à un niveau record en juin depuis la création de la zone à 4 % sur un an, pourrait encore accélérer en juillet, à voir les chiffres publiés par certains pays.
En Belgique, généralement considérée comme très représentative de la tendance européenne, l’inflation a atteint en juillet son plus haut niveau depuis 24 ans à 5,91 % sur un an après 5,8 % en juin, a annoncé le ministère belge de l’Economie.
Et dans la première économie de la zone euro, l’Allemagne, l’inflation est restée en juillet à son plus haut niveau depuis près de 15 ans à 3,3 % sur un an, selon une première estimation basée sur plusieurs Etats régionaux.
La première estimation de l’inflation en juillet pour l’ensemble de la zone euro sera connue demain. Les économistes interrogés par Dow Jones Newswires s’attendent à un nouveau record depuis la création de la zone euro en 1999 à 4,2 % sur un an. De quoi mettre dans une position délicate la BCE qui vise théoriquement une inflation légèrement inférieure à 2 %.
A suivre demain, dernier jour du mois de juillet :
- aux Etats-Unis, il faudra regarder attentivement les données avancées du PIB du deuxième trimestre ainsi que l’indice PMI de Chicago pour juillet et les inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage
- en zone euro : l’estimation rapide des prix à la consommation en juillet et le taux de chômage en juin
- en Allemagne : le nombre de demandeurs d’emploi et le taux de chômage pour juin