Le sort du fabriquant jurassien de jouets a été chamboulé hier par le verdict de la justice. Le tribunal de commerce de Lons-le-Saunier a en effet placé Smoby-Majorette en redressement judiciaire. Une décision qui signe l’échec de la procédure de sauvegarde demandée début mars par la famille fondatrice – les Breuil – et qui désavoue le groupe américain MGA Entertainment qui avait pris fin mai le contrôle du numéro un français du jouet.
La décision ne plait guère au géant californien qui a racheté le groupe pour 1 euro symbolique et a déjà injecté 53 millions d’euros sans intérêts dans la compagnie française « pour assurer le besoin en fonds de roulement jusqu’à fin décembre ». Mais selon l’avocat du groupe, la « volonté » de MGA Entertainment « de relever l’entreprise est toujours aussi forte », selon l’avocat du groupe.
En revanche, salariés et fournisseurs de Smoby-Majorette se disent soulagés, convaincus que MGA Entertainment « n’avait pas les moyens de ses ambitions » pour renflouer l’entreprise asphyxiée par une dette de 276,7 millions d’euros. Des craintes au final pointées du doigt par le tribunal de commerce. « MGA Entertainment nous menait en bateau. On souhaitait depuis un certain temps le redressement judiciaire, pour que soit clarifiée la situation », a déclaré le PDG du groupe Bouzerot-Perrier, Edmond Perrier, l’un des plus gros fournisseurs de Smoby, au sortir de la séance au tribunal. MGA Entertainment avait promis lors du rachat d’assurer les besoins en fond de roulement de l’entreprise jurassienne. Mais, malgré sa possession de 56,5 % du capital et de 70 % de droits de vote, il a tardé à le faire... entraînant Smoby-Majorette dans l’impasse, au bord de la cessation de paiement.
Même sentiment du côté des créanciers. « Nous sommes étonnés du comportement de MGA Entertainment et du manquement au respect de ses engagements », a indiqué un porte-parole des créanciers qui a souhaité garder l’anonymat.
Le groupe Smoby-Majorette a estimé quant à lui dans un communiqué que ce jugement aura « des conséquences préjudiciables pour le groupe en quête de regain de confiance auprès de ses clients et de ses fournisseurs » et se réserve le droit d’utiliser des voies de recours contre une décision jugée « infondée ».
Ce jugement intervient à quelques semaines de la période cruciale de Noël pendant laquelle Smoby réalise 60 % de son chiffre d’affaires.
Désormais, la course est ouverte. MGA Entertainement n’est plus le seul à pouvoir déposer un plan de continuation pour le fabricant de jouets français. On évoque le nom du chinois Cornerstone, rival malheureux de MGA fin mai. Ce sera ensuite au tribunal de commerce de trancher en faveur du meilleur repreneur. Un démantèlement du groupe qui compte 2 750 salariés (dont la moitié en France) est redouté.
Prochain point de la situation : dans deux mois.