GDF Suez : d'ambitieux investissements entre 2008 et 2010
Article du 15/10/2007
Les patrons des groupes d'énergie GDF et Suez ont présenté lundi d'ambitieux projets d'investissements et de résultats pour convaincre les investisseurs du bien-fondé de leur fusion, qu'ils souhaitent boucler dès le début de l'année prochaine.
Suez et GDF avaient annoncé le 3 septembre un nouveau projet de fusion, au terme d'âpres négociations entre Suez et l'Elysée qui mettaient fin à un feuilleton de plus de 18 mois entamé en février 2006.
Dans un communiqué commun, les deux groupes ont annoncé « une stratégie industrielle ambitieuse, un programme d'investissement soutenu », avec 10 milliards d'euros par an en moyenne entre 2008 et 2010 (8 milliards pour 2008), dont 75% serviront au développement et 25% à la maintenance.
Le futur ensemble dégagera en outre un résultat brut d'exploitation (Ebitda) en hausse de 10% en 2008, pour atteindre 17 milliards d'ici 2010 (contre environ 11,7 milliards en 2006 à partir des résultats des deux groupes).
Ces annonces précèdent une tournée d'information des investisseurs, par les PDG des deux groupes, Jean-François Cirelli (GDF) et Gérard Mestrallet (Suez), pendant deux semaines.
Le mariage devrait avoir lieu au courant du premier semestre 2008, mais Jean-François Cirelli n'a pas caché sa volonté de le mener à bien plutôt en début d'année.
Le patron de GDF a précisé que le décret autorisant la privatisation de son groupe était « prêt », mais que la date de sa publication relevait du gouvernement, qui sera confronté jeudi à une journée de grèves dans l'énergie et les transports contre la réforme des régimes spéciaux de retraite.
L'Europe sera la priorité du futur groupe, qui entend consacrer à l'international près de la moitié de ses investissements, soit 4 à 4,5 milliards d'euros par an, et qui prévoit de presque doubler sa production d'énergie d'ici 2013, à 90 gigawatts (GW).
GDF Suez n'exclut pas notamment d'investir en Russie, deuxième fournisseur de GDF aujourd'hui, sans dire s'il s'agirait d'entrer au capital de Gazprom, qui intéresserait des groupes français, selon l'Elysée.
En France, où le marché de l'énergie est totalement libéralisé depuis le 1er juillet, GDF et Suez vont investir 1 à 1,5 milliard d'euros par an, dans le but de détenir « à terme » 20% des clients en électricité, soit 5 à 6 millions de particuliers (EDF alimente environ 26 millions de ménages), et de doubler sa production à 10 GW.
Le gaz naturel liquéfié (GNL) sera « au cœur » du futur ensemble, avec 1 à 1,5 milliard d'euros par an, visant « à terme » le doublement des réserves à 1,5 milliard de barils équivalent pétrole et l'augmentation de 30% des volumes contractés en GNL.
Pour ce faire, le futur ensemble investira également 1,5 à 2 milliards d'euros par an dans les infrastructures, pour regazéifier 44 milliards de mètres cube par an de GNL d'ici 2013, contre 24 milliards fin 2006.
Dans le nucléaire, le futur groupe décidera en 2008 ou 2009 s'il participe à la construction « d'un ou de plusieurs » réacteurs de troisième génération EPR --qui représente, pour celui construit en Finlande, 3 milliards d'euros d'investissement.
A propos de la branche environnement de Suez, qui doit être mise en Bourse et détenue à 35% par le nouvel ensemble, Gérard Mestrallet a souligné qu'1,5 milliard d'euros lui seraient consacrés chaque année avec un développement centré sur l'Europe.
Les actionnaires recevront plus de la moitié du résultat net sous forme de dividende, qui devrait croître par action de 10 à 15% par an en moyenne entre 2007 et 2010.
Ces annonces ont dopé les cours des deux groupes, avec une action GDF en hausse de 1,72% à 38,49 euros, et un titre Suez en hausse de 1,88% à 43,35 euros, à 13H20 (11H20 GMT) à la Bourse de Paris.
Il « est temps de jouer ce projet », ont estimé les analystes d'Oddo Securities.