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Nicolas Sarkozy sera-t-il le président du pouvoir d'achat?

Article du 28/11/2007
Ses marges de manœuvres sont réduites et la conjoncture économique difficile, mais Nicolas Sarkozy s’est engagé, durant la campagne électorale, a être « le président du pouvoir d’achat ». Et six mois après son élection, 79 % des Français jugent qu’il a échoué dans ce domaine, selon un sondage LH2 pour Libération publié le 13 novembre dernier.
Selon des chiffres provisoires diffusés le 16 novembre par le ministère de l’Emploi, le pouvoir d’achat des salaires a augmenté de 0,5 point au troisième trimestre 2007 et de 1,2 point sur l’année. Mais avec les hausses des prix du pétrole et des produits alimentaires, près de deux tiers des Français ont le sentiment qu’il s’est détérioré en un an, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest France publié samedi 24 novembre, et le pouvoir d’achat est devenu leur première préoccupation. Y compris chez les cadres, à en croire le 19e baromètre OpinonWay pour le syndicat CFE-CGC, qui depuis plusieurs années plaçaient l’intérêt du travail au premier plan.
Les Français ont élu Nicolas Sarkozy car ils voulaient « travailler plus pour gagner plus », mais six mois après l’élection présidentielle, le slogan ne semble pas coller à la réalité. Conscient des préoccupations des Français, Nicolas Sarkozy doit s’exprimer demain sur le pouvoir d’achat et faire « un certain nombre de propositions très importantes », a indiqué le président du groupe UMP à l'Assemblée, Jean-François Copé.
Déjà dans la nuit de mardi à mercredi, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi Chatel censé faire baisser les prix à la consommation.
Le texte prévoit la réintégration des marges arrière dans le calcul des seuils de revente à perte, pour tenter de faire baisser les prix dans la grande distribution. Le projet de loi propose également de réduire les durées d'engagement à la souscription d'abonnements téléphoniques, en invitant les opérateurs (SFR, Bouygues, Orange...) à proposer douze mois et pas seulement 24 comme c'est souvent le cas. Une autre disposition consiste à plafonner les pénalités que les opérateurs demandent au consommateur en cas de résiliation anticipée. Les députés ont en outre adopté la gratuité des appels aux services d'assistance technique des opérateurs et aux numéros verts, passés depuis des portables. Enfin, un article propose la création d'un relevé périodique des frais bancaires.
Le texte, déclaré en urgence et qui doit maintenant être examiné par le Sénat, a été vivement critiqué par l’opposition qui a qualifié ces mesures sectorielles de « cosmétiques ».
Jeudi, le PS défendra sa proposition de loi contre la vie chère, qui comprend onze mesures, du doublement de la prime pour l'emploi à l'encadrement des tarifs du gaz et de l'électricité, en passant par le rétablissement de la TIPP flottante. Le PS proposera d'aller plus loin que la loi Chatel, avec l'abrogation des marges arrière (remises des fournisseurs aux grandes surfaces pour la promotion de leurs produits dans les rayons) et l'instauration de « class actions » (recours de consommateurs devant la justice).

Angle d'attaque du PS

Les Français attendent beaucoup des nouvelles mesures que doit annoncer Nicolas Sarkozy et le gouvernement en a conscience.
« Le pouvoir d'achat, c'est la principale préoccupation des Français. On a essayé de faire une première série de mesures en juillet. On voit bien aujourd'hui qu'il reste des points de tension sur le pétrole, sur le logement, sur les prix alimentaires. Donc c'est important qu'on aille au delà et qu'on essaye de trouver de nouvelles mesures », a déclaré le porte-parole du gouvernement Laurent Wauquiez.
Quelle sera la nature précise de ces mesures ? Le débat fait rage au sein de l'exécutif entre partisans d'une politique volontariste et tenants d'une stricte orthodoxie financière.
Le Premier ministre François Fillon, qui avait déjà créé la polémique en affirmant être à la tête d'un pays en « faillite », aurait affirmé qu'il « n'y a pas d'argent ».
L'ancien Premier ministre UMP Edouard Balladur a de son côté averti dimanche que si le gouvernement allait devoir « prendre un certain nombre de mesures » face au « problème » de pouvoir d'achat, il ne devrait pas céder à la tentation de distribuer « des subventions ou des avantages supplémentaires ».
En plus d'une croissance atone, Paris doit faire face aux contraintes du pacte de stabilité de l'Union Européenne, qui s'inquiète ouvertement des déficits publics français. Sur ce chapitre, le secrétaire d'Etat aux affaires européennes Jean-Pierre Jouyet a estimé que Paris a le droit à une pause dans la réduction des déficits en raison des réformes en cours dans le pays.
Laurent Wauquiez a pour sa part estimé que certaines mesures destinées à favoriser le pouvoir d'achat pouvaient se faire « sans avoir besoin de réinjecter des mille et des cents ». Il a notamment estimé possible d'agir pour modérer les prix des frais bancaires ou des factures de téléphonie mobile.
A gauche, où le thème du pouvoir d'achat est devenue le principal angle d'attaque contre le pouvoir, c'est l'ancien Premier ministre PS Laurent Fabius qui a sonné dimanche la charge, accusant le président Sarkozy de « ratage » sur le sujet. « Ce qu'on a retenu de sa campagne victorieuse c'est ‘je serai le président du pouvoir d'achat’: promesse non tenue, totalement non tenue », a-t-il lancé, assurant que « tout augmente sauf les salaires et les retraites ».
Comme mesures possibles, les personnes interrogées dans le cadre du sondage Ifop plébiscitent une baisse de la TVA (85%) et de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) (83%), avant une hausse du Smic (72%), une baisse des impôts sur le revenu (71%) et le développement de la participation et de l'intéressement des salariés (70%).

Francebourse.com - Manuelle Tilly, avec AFP
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