En faisant appel aux enquêteurs de Scotland Yard, arrivés ce matin au Pakistan pour l’aider à enquêter sur l’assassinat de Benazir Bhutto, le président Pervez Musharraf espère mettre fin à la controverse autour de la mort de l’ex-Premier ministre.
Hier, Pervez Musharraf s’est dit « pas entièrement satisfait » de l’enquête pakistanaise en cours huit jours après la mort de Benazir Bhutto mais a martelé que le gouvernement ou les services de renseignements n’avaient pas tenté de cacher des « secrets ».
Et bien qu’agacé du fait que les services de voirie ont nettoyé les lieux du crime à grande eau juste après le meurtre, il a assuré être « sûr qu’ils n’ont pas fait cela avec l’intention de cacher des secrets ou que les services de renseignements ne leur ont pas ordonné de cacher des secrets », a-t-il insisté.
De fait, la tâche de Scotland Yard sera difficile tant les fautes de procédures et les erreurs des autorités, au moins en matière de communication, ont été flagrantes. Il n’y a par exemple pas de rapport d’autopsie, Asif Ali Zardari, le veuf de Benazir Bhutto, ayant refusé que les médecins pratiquent une autopsie le soir du drame, le 27 décembre, et l’opposante pakistanaise ayant été inhumée le lendemain, conformément à la tradition musulmane.
Par ailleurs, les déclarations du gouvernement ont alimenté le soupçon du complot. Selon les autorités, Benazir Bhutto serait décédée d’une fracture du crâne en heurtant le toit ouvrant de sa voiture alors qu’elle tentait d’esquiver les balles d’un tireur, avant l’explosion de la bombe du kamikaze. Son parti affirme qu’elle a été atteinte d’une balle à la tête.
L’arrivée de Scotland Yard apparaît donc comme une tentative d’apaisement. Mais sa mission sera difficile : il lui faudra identifier les auteurs de l’attentat, par les prélèvements des restes du ou des corps, la reconstitution par des chirurgiens du visage du kamikaze, dont la photo circule dans la presse, et les images des deux auteurs présumés des coups de feu et de l’attentat, saisies par des vidéastes et photographes.
