Etats-Unis : Les mesures du plan de relance dévoilées
Article du 25/01/2008
L’administration Bush et les parlementaires ont dévoilé hier leur plan pour donner un coup de fouet à la première économie mondiale et lui épargner la récession qui la menace.
Le projet a été validé dans l’urgence, moins d’une semaine après la déclaration du président George Bush qui annonçait un ensemble de mesures temporaires destinées à favoriser la croissance.
Le gouvernement, la majorité démocrate au Congrès et la minorité républicaine sont donc parvenus à s'entendre. Une démonstration d’unité quasiment inédite depuis le début d’une cohabitation conflictuelle il y a un an. « L’économie de ce pays a besoin de ce coup de fouet maintenant », a martelé George Bush pour convaincre les camps. Désormais, la question est de savoir si les deux chambres entérineront l’accord d’ici à mi-février comme le souhaitent leurs chefs parlementaires et, dans cette éventualité, quand l’argent promis se retrouvera effectivement dans la poche des Américains et si l’usage qu’ils en feront évitera la récession.
Des mesures à destination de la classe moyenne et des entreprises
Selon la Maison Blanche, ce plan de 150 milliards de dollars se décompose en environ 100 milliards de déductions d’impôts pour les particuliers et en 50 milliards de mesures fiscales pour les entreprises.
Dès ce printemps, une personne seule pourra bénéficier d’une ristourne fiscale pouvant atteindre 600 dollars, un couple marié 1 200 dollars, plus 300 dollars par enfant. Au total, 117 millions de familles vont recevoir dès mai un chèque, a indiqué le parlement. Les principales bénéficiaires sont les classes moyennes.
Autre mesure obtenue par les démocrates : les abattements fiscaux profiteront aussi aux salariés qui ne gagnent pas assez pour payer des impôts. A ce titre, 28 milliards de dollars seront alloués à 35 millions de familles.
Le plan double également le montant des déductions fiscales auxquelles peuvent prétendre les petites entreprises pour de nouveaux investissements dans les équipements. Il soulage, avec effet immédiat, la pression fiscale sur toutes les entreprises qui investissent, selon le parlement.
Le plan prévoit enfin des réformes des prêts immobiliers et d’autres mesures pour aider immédiatement les propriétaires américains à refinancer leurs emprunts.
Un accueil mitigé
Si ce plan de relance américain constitue un ballon d’oxygène bienvenu, certains analystes avertissent qu’il risque de porter ses fruits trop tard pour éviter une récession de la première économie mondiale.
Pour Peter Morici, professeur d’économie à l'université du Maryland, pour qui le plan de relance est « une bonne chose », « mettre de l’argent dans la poche des consommateurs est la meilleure façon de relancer l’économie », assure-t-il. En voyant les responsables de tout bord monter au créneau, les Américains pourraient retrouver confiance dans l’avenir et consommer assez pour relancer la machine. Surtout si les remises d'impôts, pouvant atteindre 1 600 dollars pour un couple, arrivent sous forme d’un chèque bien concret dans la boîte aux lettres.
Mais l’effet de ces remises d’impôts reste incertain. « Lancer en toute hâte ce plan de relance a, avant tout, un bénéfice psychologique », estime l’économiste indépendant Bernard Baumohl. « Tout l’argent ne sera pas dépensé. L’expérience prouve qu’un tiers environ sert à rembourser des dettes et une partie va aussi à l’épargne », souligne-t-il.
Les experts jugent aussi que l’argent risque d’arriver tard dans la poche des consommateurs et que « ce plan n’agira pas avant plusieurs mois », assure Lawrence Mishel, le président de l'Economic Policy Institute (proche des démocrates).
Autre critique : qu’un certain nombre de projets aient été abandonnés en route. Les pistes favorites des démocrates étaient l’extension des allocations chômage et la distribution de bons d’aide alimentaire. Ces mesures ont généralement un effet très rapide, assurent leurs partisans. Une étude du centre de recherche economy.com montre que chaque dollar supplémentaire dépensé en allocations chômage génère 1,64 dollar d’activité économique. Pour les bons d’aide alimentaire, chaque dollar entraîne 1,73 dollar d’activité.
Quant aux aides aux entreprises, les observateurs sont aussi partagés. Pour certains, cela devrait augmenter leurs investissements et donc créer des emplois. Pour d’autres, sans relance de la consommation, les entreprises ne se remettront pas avec seulement des subventions.