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La Fed broie du noir, les marchés s’enfoncent dans le rouge

Article du 22/05/2008

Les investisseurs attendaient avec impatience hier les minutes du comité de politique de la Fed. Lors de sa dernière réunion du 30 avril, la Réserve fédérale a abaissé comme prévu son taux directeur d’un quart de point, à 2 %. Depuis l’été, elle a réduit son taux directeur de 3,25 points au total.

2008, année chaotique

Cette nouvelle révision du taux à la baisse était destinée à contrer la faiblesse de la première économie mondiale. Car la Fed n’est guère optimiste sur les mois à venir. En effet, elle a très nettement abaissé ses prévisions de croissance pour les Etats-Unis en 2008. Une croissance devrait rester positive de justesse : la banque centrale ne table plus que sur une hausse du PIB comprise entre 0,3 % et 1,2 %, au lieu de 1,3 % à 2 % prévus précédemment. L’activité devrait être « particulièrement faible » au premier semestre, même si « un certain rebond est attendu au second », a indiqué la Fed, qui a déjà plusieurs fois révisé à la baisse ses prévisions ces derniers mois.
Par ailleurs, l’institution monétaire a revu à la hausse d’un point ses prévisions d’inflation du fait de la flambée des prix des matières premières. Selon ses prévisions, l’inflation devrait s’établir entre 3,1 % et 3,4 % cette année (contre 2,1 % à 2,4 % prévu antérieurement). Hors alimentation et énergie, l’indice de base de base n’a été révisé à la hausse que de 0,2 point, entre 2,2 % et 2,4 %. Cela reste toutefois supérieur à la limite de tolérance de la Fed qui s’inquiète des « effets de la hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie sur les autres produits » et de la hausse des prix à l’importation « liée à la baisse du dollar et à la hausse de l’inflation chez nos partenaires commerciaux ».
In fine, la banque centrale s’inquiète des signes montrant que les ménages et les entreprises ont intégré une hausse des prix à l’avenir alors que la consommation est considérée comme le moteur de l’économie américaine.
Lors de leur dernière réunion, les banquiers centraux ont constaté que « les revenus restaient faibles du fait de la hausse des prix du pétrole », que « la chute des prix de l’immobilier réduisait la richesse des ménages » et que « les ménages comme les entreprises faisaient face à une restriction du crédit ». Un trio délicat pour l’économie américaine dont l’éventuelle entrée en récession interroge toujours les experts.
La Fed compte toutefois sur le plan de relance budgétaire de la Maison Blanche, récemment entré en vigueur, pour soutenir les dépenses de consommation en fin d’année.
Néanmoins, la dégradation de la conjoncture devrait s’accompagner d’une forte hausse du chômage, prévu entre 5,5 % et 5,7 % cette année, qui ne devrait pas aider dans la convalescence de la première économie mondiale.
La Réserve fédérale prévoit que le retour au calme sur les marchés financiers, la stabilisation du marché immobilier et le niveau toujours bas de ses taux d’intérêt permettra de soutenir la croissance une fois le cap de l’année 2008 passé.
Pour 2009 ainsi, elle a révisé ses prévisions de croissance en baisse d’un dixième de point seulement, à 2 % - 2,8 %. La performance devrait s’améliorer en 2010 avec une hausse du PIB comprise entre 2,6 % et 3,1 %.
La banque centrale prévoit un ralentissement de l’inflation générale en 2009 (entre 1,9 % et 2,3 %) qui devrait se prolonger en 2010 (entre 1,8 % et 2 %), conséquence d’un assagissement des prix des matières premières.

Observation

Les minutes de la Fed diffusées hier ont également permis de prendre connaissance des actions à venir de la banque centrale américaine. L’institution devrait sans doute en rester là pour le moment dans la baisse des taux directeurs. Déjà, le 30 avril dernier, lorsqu’elle avait baissé son taux directeur d’un quart de point, cette décision avait été prise « de justesse ».
La banque centrale estime que les baisses de taux massives décidées depuis l’été, combinées aux mesures destinées à soutenir la liquidité des marchés, devraient « atténuer les risques pour l’activité économique ». Elle va donc observer les effets de ces différentes mesures et agira plus tard, si besoin est.
Plusieurs membres ont par ailleurs jugé qu’il était « peu probable qu’il faille une nouvelle baisse des taux en réponse à des informations suggérant un ralentissement de l’économie, voire une légère contraction à court terme, à moins que les développements économiques et financiers ne signalent un affaiblissement majeur des perspectives économiques ». Or « la probabilité a baissé » de voir une sévère perturbation économique en réponse à une nouvelle crise des marchés financiers, note le rapport.
Dans un discours, Kevin Warsh, l’un des gouverneurs de la Fed, a confirmé cette nouvelle orientation en se disant opposé à de nouvelles baisses des taux d’intérêt, même au cas où la conjoncture se détériorerait de nouveau. Il a estimé que c’était désormais aux banques de prendre leurs responsabilités.

La Bourse a très mal réagi à ces annonces. La Bourse de New York a terminé dans le rouge. Plombés par l’or noir et l’abaissement par la Réserve fédérale américaine de ses prévisions de croissance pour 2008, le Dow Jones et le Nasdaq ont chacun perdu 1,77 %. Le Dow Jones Industrial Average a abandonné 227,24 points à 12 601,44 points et l’indice Nasdaq 43,99 points à 2 448,27 points.
Hier, en Europe, la Bourse de Paris a clôturé en baisse. L’indice a reculé de 0,54 % à 5 027,55 points, dans un volume de transactions de 6,06 milliards d’euros. La Bourse de Paris a ouvert en baisse ce matin, l’indice CAC 40 cédant 0,98 % à 4 978,07 points.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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