Le plan Bush pour relancer l’économie américaine déçoit
Article du 21/01/2008
Il était attendu avec impatience par les observateurs de la vie économique américaine mais il a déçu. Le plan de relance dévoilé par George Bush vendredi soir n’a en effet pas remporté les suffrages escomptés.
Le président américain a annoncé un vaste plan de relance de plus de 140 milliards de dollars. Soit environ 1 % du PIB américain (proche de 14 000 milliards de dollars).
Sans pour autant entrer dans le détail des mesures qui devront être « temporaires » et « agir immédiatement », George Bush a indiqué que le plan devrait s’articuler sur deux axes. Le premier : « un plan de relance doit comprendre des baisses d’impôt sur le revenu directes et rapides pour les Américains », pour les aider notamment à payer leur facture énergétique.
Selon la presse américaine, l’une des mesures phares serait une remise d’impôts pouvant aller jusqu’à 800 dollars par personne. L’enveloppe prévue pour ce poste dépasserait les 100 milliards de dollars, affirme le New York Times. Le Wall Street Journal rappelle que ces baisses représenteraient plus du double des 300 dollars accordés en 2001 dans le cadre d’un précédent plan de relance.
Le choix de baisser les impôts des contribuables répond à la grosse menace de récession qui pèse sur la première économie mondiale, dans le sillage de la crise de l’immobilier qui réduit la richesse des ménages et mine la confiance. Or, les dépenses de consommation génèrent près des deux tiers de la croissance américaine et l’un des moyens d’enrayer une spirale récessionniste est de mettre plus d’argent dans la poche des consommateurs. « Laisser plus d’argent aux ménages devrait augmenter les dépenses de consommation », a assuré le président.
La question de la baisse d’impôts tient particulièrement à coeur à George Bush car ses diverses baisses d’impôts, notamment sur les dividendes, doivent expirer à l’horizon 2010. Mais c’est aussi un gros point de discorde avec les démocrates, qui jugent ces avantages fiscaux injustes. Pour les prolonger, il faudra donc au président l’accord du Congrès où sont majoritaires les démocrates.
Second axe : le plan devrait également comprendre des incitations fiscales pour les entreprises « pour leurs investissements cette année ». Cela laisse penser qu’elles pourraient défiscaliser une partie importante de leurs investissements.
D’une manière plus globale, ce plan vise à contrer les craintes pressantes d’une récession de la première économie mondiale. « Notre économie va continuer à croître au cours de l’année à venir, mais à un rythme plus lent que ces dernières années. Et il y a un risque de retournement », a tenu à clarifier George Bush.
Le secrétaire au Trésor Henry Paulson a assuré que les fondamentaux de l’économie étaient vigoureux mais qu’il fallait faire quelque chose « cette année » pour soutenir l’économie à court terme.
Enfin, ce plan intervient en pleine campagne électorale aux Etats-Unis et alors que l’économie a pris un rôle central dans la campagne. L’idée d’un plan de relance était jusqu’à présent l’une des propositions phares des candidats démocrates à la Maison Blanche. Hillary Clinton et Barack Obama ont ainsi appelé à des plans de relance combinant extension des allocations chômage, aides aux ménages menacés par la crise de l’immobilier et déductions fiscales. Les républicains privilégiaient plus jusqu’à présent la piste des baisses d’impôts.
Les réactions sur les marchés boursiers
Ce plan a été accueilli avec prudence. La Bourse de New York est passé dans le rouge après cette annonce, le Dow Jones perdant 0,91 % et le Nasdaq 1,01 %. Vendredi, le Dow Jones a finalement cédé 0,49 % et le Nasdaq 0,29 %, les marchés américains alignant ainsi une quatrième séance consécutive de baisse. Sur l’ensemble de la semaine, le Dow Jones a perdu 4 %, le S&P 500 5,4 % et le Nasdaq 4,1 %.
Ce lundi, les marchés américains sont fermés pour cause de Martin Luther King day.
En Asie, les Bourses ont subi lundi une nouvelle dégringolade généralisée. Les principales places asiatiques, qui étaient déjà fermées pour le week-end lors de l’annonce du plan Bush, ont chuté encore plus lourdement que Wall Street.
A Tokyo, deuxième place financière mondiale, l’indice Nikkei des valeurs vedettes a plongé de 3,86 %, terminant à son plus bas niveau depuis 27 mois. A Shanghai, l’indice composite s’est effondré de 5,14 % en clôture. A Sydney, l’indice S&P/ASX 200 a fini la journée sur un recul de 2,90 %. Il a reculé pour la onzième journée consécutive, marquant ainsi sa plus longue série ininterrompue de baisse depuis 1982. L’indice Kospi de la Bourse de Séoul a terminé à son plus bas niveau en cinq mois après une chute de 2,95 %. A Hong Kong, l’indice Hang Seng s’effondrait de plus de 1 000 points (- 4,01 %) en milieu d’après-midi et les pertes frisaient les 3 % à Singapour. Bombay dégringolait de 3,47 % dans les premiers échanges.
Partout en Asie, les investisseurs ont donc mal réagi aux propositions du président Bush.
En France, le CAC 40 a ouvert ce matin en repli sous les 5 000 points. Vendredi, l’indice parisien a dévissé, cédant 1,25 % à 5 092 points. Sur la semaine écoulée, l’indice des « blue ships » françaises a perdu 5,2 %.