La Bourse de Paris a ouvert sur une hausse de 0,21 % à 5 065,28 points alors que le CAC 40 a terminé en forte baisse hier soir, décrochant de 1,7 % à 5 054,88 points. Après six séances de hausse consécutives, les indices européens se sont logiquement retournés sous le poids d’une vague de prises de bénéfices. La chute d’hier a effacé les gains des trois séances précédentes.
Nouvelle conséquence de la crise financière, l’agence américaine d’évaluation financière Moody’s a relégué en catégorie spéculative le rehausseur de crédit CIFG, filiale commune des banques françaises Caisses d’Epargne et Banques Populaires, qui y ont englouti l’an dernier 1,5 milliard de dollars dans le vain espoir de maintenir sa notation au meilleur niveau possible. Sauf renflouement immédiat, cette note de Ba2 devrait condamner CIFG à disparaître.
Hier, le FTSEurofirst 80 a cédé 1,58 % à 4 932,89 points.
La Bourse de New York a également terminé en nette baisse, face à l’enchaînement incessant de records du pétrole et aux risques d’aggravation de l’inflation.
Hier, les investisseurs ont ainsi pris connaissance d’une progression des prix à la production, hors les éléments volatils que sont l’énergie et l’alimentation, deux fois plus rapide que prévu. En avril, si les prix à la production aux Etats-Unis ont progressé de 0,2 %, moins que prévu, l’indice de base (hors alimentation et énergie) a en revanche bondi de 0,4 %. Il a inscrit sur un an sa hausse la plus forte depuis 1991. « La vraie question est de savoir si ces hausses de prix (à la production) vont se répercuter sur le consommateur ou si les entreprises en porteront le poids elles-mêmes, avec des perspectives de marge réduite », a commenté Kevin Giddis, analyste de Morgan Keegan. « Mais cet indicateur fournit aussi tout simplement une bonne excuse aux investisseurs pour empocher des bénéfices » sur un marché qui avait fortement rebondi ces dernières semaines, a estimé Patrick O’Hare, analyste de Briefing.com.
Dans ce contexte, le vice-président de la Réserve fédérale (Fed), Donald Kohn, a pu rassurer en affirmant que l’économie américaine allait se reprendre au second semestre et l’inflation se résorber progressivement. Mais il a également jugé que « la politique monétaire semble bien calibrée », ce qui semble « suggérer que la banque centrale pourrait arrêter de baisser ses taux d’intérêt » pour tenter de redynamiser l’économie, a commenté Al Goldman, analyste d’AG Edwards.
Le Dow Jones a clôturé en baisse de 1,53 % à 12 828,68 points. Le Nasdaq Composite a cédé 0,95 % à 2 492,26 points. L’indice élargi Standard and Poor’s 500 a lâché 0,93 % à 1 413,40 points.
La Bourse de Tokyo a fini en baisse pour la deuxième séance consécutive mercredi. L’indice Nikkei a fini en repli de 1,65%, à 13 926,30, son niveau le plus bas depuis le 12 mai, sous l’effet de l’appréciation du yen et des craintes persistantes autour de la crise du crédit, qui ont pesé sur les valeurs financières et sur celles tournées vers l’exportation.
Le Topix, indice plus large, a cédé 2,13 % à 1 370,09.
Hier, le pétrole s’est attaqué au seuil de 130 dollars, dans un contexte où tout concourt à enflammer les prix : l’attitude de l’OPEP, des nouvelles alimentant le sentiment de précarité de l’offre alors que la demande explose et le spectre d’un épuisement plus rapide que prévu des réserves mondiales.
Depuis plusieurs jours, rien ne semble stopper les cours du pétrole qui enchaînent record sur record. Face à un baril de brut désormais à plus de 129 dollars, les risques d’inflation paralysent le marché boursier qui craint leur impact sur le portefeuille des consommateurs, au moment justement où l’économie américaine a besoin d’une consommation dynamique pour se redresser.
Les experts de la société d’études Cyclope s’attendent à une année 2008 erratique et imprévisible pour le pétrole mais aussi pour les métaux qui devraient rester « au plus haut ». A l’inverse, les produits agricoles se tasseraient en raison de récoltes céréalières attendues exceptionnelles.
Les stocks hebdomadaires de pétrole brut aux Etats-Unis sont attendus cet après-midi ainsi que le compte rendu (minutes) du comité de politique monétaire de la Fed du 30 avril à 20 heures. En Allemagne, l’indice Ifo (confiance des chefs d’entreprise) de mai pourrait confirmer le mauvais chiffre de l’indice ZEW (attentes des milieux financiers) publié hier.
L’euro était en hausse face au dollar mercredi dans les échanges asiatiques, le recul de Wall Street la veille et de nouveaux records pour le pétrole s’ajoutant aux inquiétudes sur la santé de l’économie américaine. Vers 06h00 GMT, un euro valait 1,5672 dollar contre 1,5645 dollar hier à 21h00 GMT.
Le dollar a pâti du recul mardi du Dow Jones à New York. « La baisse du Dow Jones a une nouvelle fois mis en lumière les incertitudes quant à l’économie américaine », selon Masaki Fukui de Mizuho Corporate Bank.
A l’inverse, l’euro a été soutenu par des spéculations sur le fait que la Banque Centrale Européenne soit contrainte d’augmenter ses taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation.
Les prix à la production en Allemagne ont en effet enregistré leur progression la plus forte depuis août 2006, avec un taux sur un an de 5,2 % en avril, au-dessus des prévisions des économistes. De plus, l’indice de l’institut ZEW, qui mesure les attentes des milieux financiers pour l’économie allemande, a légèrement reculé en mai.
La BCE a maintenu son taux d’intérêt à 4 % depuis juin, un plus haut en six ans, tandis que la Réserve fédérale américaine n’a cessé de baisser le sien depuis juin pour le porter à 2 % pour lutter contre la crise de crédit, cet écart de taux rendant plus attractif la devise européenne face au billet vert.
