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Bourse de Paris : Le rouge est de mise

Article du 22/05/2008

Mnemo : PXI

La Bourse de Paris a ouvert en baisse ce matin, l’indice CAC 40 cédant 0,98 % à 4 978,07 points.
Alors que le CAC 40 était en hausse à l’ouverture, le marché s’est retourné à la mi-séance après le nouveau record du pétrole au-delà des 130 dollars à New York. La Bourse de Paris a clôturé en baisse hier, dans un marché plombé par les valeurs industrielles et aéronautiques. « La nouvelle hausse du baril a touché de plein fouet les valeurs industrielles et le secteur aéronautique. Même si les valeurs énergétiques en ont profité, cela a plombé le marché », a commenté Yves Marçais, stratégiste de la maison de courtage Global Equities.
L’indice a reculé de 0,54 % à 5 027,55 points, dans un volume de transactions de 6,06 milliards d’euros.

Cette tendance baissière a touché la plupart des indices européens, Francfort cédant 1,09 % et l’Eurostoxx 50 0,77 % alors que Londres a fini en légère hausse de 0,1 %.

La Bourse de New York a aussi terminé dans le rouge. Plombés par l’or noir et l’abaissement par la Réserve fédérale américaine de ses prévisions de croissance pour 2008, le Dow Jones et le Nasdaq ont chacun perdu 1,77 %. Le Dow Jones Industrial Average a abandonné 227,24 points à 12 601,44 points et l’indice Nasdaq 43,99 points à 2 448,27 points.
La banque centrale a abaissé drastiquement ses prévisions de croissance pour cette année estimant désormais que, face à une inflation accrue, à la chute de l’immobilier et à la restriction du crédit, le PIB devrait progresser entre 0,3 % et 1,2 % en 2008, au lieu d’une fourchette entre 1,3 % à 2 % prévue précédemment.
Dans ce contexte, le marché scrutera avec attention, les propos du gouverneur de la Fed Randall Kroszner sur « les perspectives de redressement des marchés hypothécaires ». Toujours aux Etats-Unis, les demandes hebdomadaires d’allocations chômage seront dévoilées.
En zone euro, les investisseurs attendent cette séance le flash PMI du mois de mai puis la publication des entrées de commandes dans l’industrie en mars.

Après avoir dépassé pour la première fois le cap symbolique des 130 dollars le baril à la mi-journée, les cours du pétrole ont continué leur ascension hier, dopés par une chute imprévue des réserves pétrolières américaines.
Le département américain à l’Energie a en effet annoncé une fonte des stocks de brut, qui étaient supposés s’étoffer. Lors de la semaine achevée le 16 mai, les stocks américains de pétrole brut ont fondu de 5,4 millions de barils à 320,4 millions de barils. Seules, les réserves de produits distillés (gazole et fioul de chauffage) ont augmenté mais bien moins que prévu.
Cette annonce a encore aggravé le sentiment que l’écart entre offre et demande se resserre dangereusement au fil des mois : alors que la demande ne cesse de progresser dans les pays émergents, l’offre peine à suivre.
Hier, le baril de pétrole a enfoncé successivement les seuils historiques de 130, 131, 132, 133 et 134 dollars, culminant à 134,10 dollars à New York et 133,47 à Londres. Il a franchi un nouveau cap symbolique, atteignant les 135 dollars le baril avant de terminer autour des 133 dollars à la clôture des échanges, enflammé par les craintes sur l’offre et la baisse des stocks américains alors que la production mondiale de pétrole devrait baisser plus que prévu d’ici 2030, selon un rapport que prépare l’Agence internationale à l’énergie (AIE) mais qui ne sera publié qu'en novembre, affirme le Wall Street Journal.
Après avoir touché 100 dollars le 2 janvier, l’or noir a connu un printemps frénétique, dépassant 110 dollars le baril en mars, 120 dollars le 5 mai, 125 dollars le 9 mai. Hier, le baril a clôturé à 133,17 dollars (+ 4,10 dollars) à New York et 132,70 dollars (+ 4,76 dollars) à Londres.
« Les prix sont soutenus par les inquiétudes sur les approvisionnements d’essence avant la ‘driving season’ (saison des grands déplacements automobiles aux Etats-Unis, ndlr) et par une demande accrue de diesel en provenance de Chine, où (les autorités) cherchent à doper l’offre avant les Jeux Olympiques et après le tremblement de terre (du 12 mai), ce qui a encore resserré l’écart entre offre et demande », explique Nimit Khamar, de la maison de courtage Sucden. Le Nigeria, premier producteur de brut africain, reste également au centre des inquiétudes : en raison de l’insécurité, sa production pétrolière plafonne actuellement à près de 2 millions de barils par jour.
L’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole, qui assure 40 % de l’offre mondiale, contribue aussi à l’envolée en observant passivement la flambée depuis septembre. Mardi, le secrétaire général du cartel a réitéré le sentiment de l’OPEP que le « marché est bien approvisionné avec une hausse des stocks dans les pays de l’OCDE au-delà de leur niveau moyen sur 5 ans », se contentant de se dire « inquiet » de la volatilité des prix.
Signe que ces craintes ne sont pas liées à des difficultés temporaires, le mouvement touche aussi les prix à long terme. Le pétrole vendu en décembre 2016 - le contrat le plus éloigné disponible à New York – s’échange déjà près de 140 dollars.
Cette flambée inquiète particulièrement les Etats-Unis qui semblent dorénavant pencher pour des méthodes fermes vis-à-vis de l’OPEP. La Chambre des représentants a adopté un projet de loi visant à permettre au ministère de la Justice de poursuivre les pratiques anticoncurrentielles dans le milieu, notamment parmi les « entités contrôlées par l’OPEP ».
Hors Opep, le tableau n’est guère réjouissant. Depuis le début de l’année, la Russie, deuxième producteur mondial derrière l’Arabie Saoudite, a affiché une stagnation de la production nationale et un dirigeant de Loukoïl a même prophétisé un déclin.
Enfin, la faiblesse du dollar fournit une incitation supplémentaire aux investisseurs, qui achètent aussi du pétrole pour se couvrir contre l’inflation. Le billet vert, qui avait repris du terrain face à l’euro depuis deux semaines, a replongé hier. Vers 21h00 GMT, il s’échangeait à 1,5787 dollar contre un euro. Ce matin, l’euro marquait une pause face au dollar dans les échanges asiatiques, à 1,5769 dollar. Le billet vert a trouvé un peu de soutien suite au propos de la Fed qui va sans doute en rester là pour le moment dans la baisse des taux, selon les minutes de sa dernière réunion monétaire diffusées hier, réunion au cours de laquelle elle avait baissé son taux directeur.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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