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Mauvaises nouvelles pour le secteur bancaire

Article du 03/06/2008

Le marché a commencé le mois de juin en renouant avec ses vieux démons : les craintes de difficultés encore plus grandes dans le secteur bancaire américain mais aussi européen. La faute à une salve d’annonces peu glorieuses : à l’avertissement sur résultats émis par la petite banque britannique Bradford & Bingley se sont ajoutés les départs de grands patrons de banques américaines.
De quoi tracasser les opérateurs financiers américains et mondiaux concernant la poursuite des conséquences de la crise des « subprime ».

Branle-bas de combat chez Bradford & Bingley

Hier, la banque britannique Bradford & Bingley (B&B) a fait la une de l’actualité.
B&B, très exposée au crédit immobilier et en particulier au marché de l’investissement locatif, actuellement en plein retournement au Royaume-Uni, a lancé un avertissement sur ses résultats. Elle devrait essuyer, sur les quatre premiers mois de 2008, une perte imposable de 8 millions de livres, contre un bénéfice imposable de 107 millions sur la période comparable de 2007. La banque a invoqué « des conditions économiques difficiles qui ont conduit à une baisse des marges d’intérêts et à une augmentation des arriérés ». Elle prévient que les mêmes conditions devraient prévaloir jusqu’à la fin de l’année. Sur l’ensemble de 2008, sa marge d’intérêt ne devrait pas dépasser 0,95 %.
Afin de restaurer ses fonds propres et de réduire l’impact de la dégradation de la valeur de ses actifs sur ses ratios de solvabilité, la banque britannique a décidé de faire appel au fonds d’investissement américain TPG (ex Texas Pacific Group). TPG Capital « a accepté d’investir environ 179 millions de livres et de devenir un investisseur stratégique, qui détiendra environ 23 % du groupe », a annoncé hier la banque. TPG va souscrire des actions nouvelles en deux étapes, au prix unitaire de 55 pence. Il deviendra ainsi son principal actionnaire et sera en droit de réclamer deux postes au conseil d’administration.
Enfin, Bradford & Bingley a parallèlement revu à la baisse le montant de son augmentation de capital annoncée le mois dernier, qu’elle a décidé de ramener à 258 millions de livres contre 300 millions initialement prévu. Les nouvelles actions seront émises au nombre de 19 pour 25 actions existantes, à un prix de 55 pence par action, identique à celui payé par TPG et nettement inférieur à celui de 82 pence qui avait été annoncé à la mi-mai. Au total, Bradford & Bingley compte lever quelque 400 millions de livres, net de frais. Les actionnaires seront appelés à approuver l’augmentation de capital et la seconde tranche de la prise de participation de TPG lors d’une assemblée générale extraordinaire en juillet.
B&B a également confirmé la démission avec effet immédiat annoncée hier de son président Steven Crawshaw, en raison de problèmes cardiovasculaires sérieux. Le directeur général Rod Kent assumera ses fonctions en attendant qu’un successeur lui soit trouvé.
Conséquence de cette mauvaise journée pour Bradford & Bingley : le titre a chuté de près de 25 % à Londres.

Du ménage également chez Wachovia

La banque américaine Wachovia ne s’en sort pas mieux. Son patron, Ken Thompson, a été débarqué hier après huit années à la tête de la banque par son conseil d’administration, excédé par le parcours difficile de l’établissement depuis le début de la crise. Et ce n’est pas la première mesure du genre.
Le conseil d’administration l’a remplacé temporairement par son président, Lanty Smith.
La quatrième banque américaine par la taille des actifs traverse une passe délicate depuis le début de la crise du « subprime ». Après avoir vu son bénéfice quasiment réduit à néant au quatrième trimestre 2007, l’établissement est passé dans le rouge au premier trimestre 2008, avec une perte de 708 millions de dollars. En un semestre, la banque a dû passer pour 4,3 milliards de dollars pour créances douteuses et 2,4 milliards de dépréciations d’actifs.
Ces déconvenues l’ont contrainte à lever 11,5 milliards de dollars auprès d’investisseurs depuis le début d’année pour rassurer les marchés et respecter ses obligations réglementaires en matière de fonds propres.
Outre la trop grande exposition de la banque aux titres financiers adossés à des crédits immobiliers, Ken Thompson paie sans doute les derniers épisodes de la croissance du groupe, qui s’est construit par acquisitions et fusions successives, la plus marquante restant le mariage avec First Union en 2001. L’acquisition en mai 2006 de Golden West Financial, banque californienne spécialisée dans les prêts hypothécaires, aura ainsi nettement augmenté son exposition à l’immobilier en général et au marché californien en particulier. En effet, la Californie est, avec la Floride et l’Ohio, l’un des Etats les plus violemment frappés par la crise du « subprime » et le retournement du marché immobilier.
Et même si Wachovia n’a fait état d’aucune mauvaise nouvelle supplémentaire à l’occasion de l’éviction de Ken Thompson, l’analyste Jaime Peters de Morningstar « suspecte que l’annonce de lundi pourrait être le signal avant-coureur d’un très mauvais deuxième trimestre » compte tenu « de la poursuite de la dégradation du marché immobilier en Californie et de l’annonce de pertes plus importantes qu’attendu de la part de certaines de ses concurrentes ».
La dégringolade de l’action Wachovia est l’une des plus spectaculaires parmi les banques américaines, le titre abandonnant 56 % sur l’année écoulée. En bourse, Wachovia vaut désormais deux fois moins que Wells Fargo, une banque connue pour sa grande prudence, qui est pourtant un quart plus petite en terme d’actifs.

Des staffs en recomposition

Le départ de Ken Thompson est le dernier en date au sein des grandes banques américaines. Depuis le début de la crise sont tombés le PDG de Merrill Lynch, Stan O’Neal, de Citigroup, Charles « Chuck » Prince, de Countrywide, Angelo Mozillo, et celui de Bear Stearns, James Cayne.
Hier, la banque Washington Mutual, autre institution sanctionnée par les marchés, a également annoncé que son PDG Kerry Killinger allait abandonner ses fonctions de président du conseil d’administration.
Ces départs ont été associés à une polémique récurrente sur le niveau de rémunération de ces grands patrons, parfois relativement déconnectées des performances de leurs établissements respectifs.
Et pour finir avec les mauvaises nouvelles qui ont émaillé la journée d’hier : l’agence de notation Standard and Poor’s a abaissé d’un cran les notes des banques Lehman Brothers, Merrill Lynch et Morgan Stanley, dont les cours boursiers se sont effondrés dans la foulée.
S&P a de son côté jugé que les performances financières des banques d’affaires américaines « devraient être faibles à court et moyen terme » et que de nouvelles dépréciations d’actifs devraient continuer à peser sur leur rentabilité.
Le PDG de Bank of America, Kenneth Lewis, a cependant estimé que la montée des créances douteuses aux Etats-Unis devrait s’inverser avant la fin de l’année, défendant l’opportunité du rachat du spécialiste en difficulté des prêts hypothécaires Countrywide Financial.


Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP

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