Birmanie : La junte militaire s’obstine au grand dam de la communauté internationale
Article du 09/05/2008
Si la junte birmane reçoit de l’aide matérielle et financière de la communauté internationale, elle n’est « pas prête » à accepter des équipes de secours ou de journalistes de pays étrangers.
Après avoir minimisé les conséquences humaines du passage du cyclone Nargis, la Birmanie veut aujourd’hui éviter toute fuite d’informations concernant le dénuement total dans lequel survit la population après le cyclone dévastateur et meurtrier Nargis.
Mais, si elle veut obtenir le « oui » au référendum constitutionnel maintenu samedi, à l’exception des zones directement affectées par les vents et la montée des eaux, la junte militaire a bien compris qu’elle devait aider son peuple. Selon les généraux au pouvoir, l’adoption d’une nouvelle Constitution ouvrira la voie à des « élections multipartites » en 2010. Mais, selon des opposants, le texte vise au contraire à renforcer et à pérenniser le poids de l’armée dans la conduite des affaires de l’Etat. « Actuellement, la Birmanie donne la priorité à la réception d’aides d’urgence et fait des efforts acharnés pour les faire transporter sans délai par ses propres travailleurs dans les zones affectées », a déclaré le pouvoir, dans une déclaration publiée par le quotidien officiel New Light of Myanmar. « A ce stade, la meilleure façon pour la communauté internationale d’aider les victimes est de donner de l’aide comme des médicaments, de la nourriture, des vêtements, des générateurs électriques et des matériaux pour les abris d’urgence, ainsi qu’une assistance financière », a-t-il ajouté, précisant toutefois « apprécier hautement la générosité (...) de la communauté internationale ».
Selon le dernier bilan officiel provisoire, le cyclone a fait près de 23 000 morts et plus de 42 000 disparus. Ces chiffres sont loin d’autres estimations. Dans la seule localité de Labutta et les 63 villages voisins, situés au coeur du delta de l’Irrawaddy, un responsable local a estimé qu’il pourrait y avoir près de 80 000 morts. Une diplomate américaine à Rangoun a déclaré craindre plus de 100 000 morts. Hier, un porte-parole des Nations unies estimait que plus d’un million de personnes avaient besoin d’aide. Sans l’arrivée d’une aide immédiate, le bilan du cyclone pourrait considérablement s’alourdir.
Environ 5 000 km2 de terres seraient toujours submergées, comme en témoigne des prises de vue aériennes montrant l’étendue des dégâts après la tempête, par comparaison avec la topographie du delta de l’Irrawaddy, la zone la plus touchée, avant.