Une question de vie ou de mort. Plus le temps passe, plus la population birmane est menacée par le manque d’eau potable, de nourriture, les risques d’épidémie… Dix jours après le cyclone Nargis, alors que la junte militaire au pouvoir a accepté depuis dimanche quelques entrées de personnels humanitaires étrangers, les Etats-Unis et l’ONU ont pressé les autorités birmanes à agir plus vite pour éviter davantage de morts.
Hier, le président américain George W. Bush n’a pas mâché ses mots : « le monde devrait être en colère et condamner » la junte militaire en Birmanie, a-t-il déclaré dans une interview à la radio CBS. « Il est impossible de dire combien de personnes ont perdu la vie à cause de la lenteur de la réaction » du régime après le désastre, a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis ont promis des moyens matériels et une enveloppe de plus de 16 millions de dollars. Pourtant, la junte birmane est l’une des bêtes noires de Washington et l’atterrissage d’un premier aéronef américain sur place constitue en soi un événement.
Si la Birmanie accepte de recevoir de l’aide matérielle et alimentaire ainsi que des fonds, elle se montre en revanche plus réticente à délivrer des visas aux secouristes d’organisations humanitaires internationales. Une cinquantaine d’humanitaires étrangers travaillant pour des agences des Nations Unies et des ONG attendent toujours l’autorisation d’entrer dans le pays, ont précisé des responsables onusiens à Bangkok.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a d’ailleurs exprimé « sa préoccupation et son immense frustration » devant cette lenteur « inacceptable ». « Si davantage d’aide n’entre pas dans le pays très rapidement, nous risquons de faire face à des épidémies de maladies infectieuses qui pourraient surpasser la crise actuelle. J’appelle en conséquence le gouvernement de la Birmanie à donner la priorité à la vie de ses compatriotes », a déclaré le chef de l’ONU.
Le bilan provisoire s’établissait hier à 31 938 morts et 29 770 disparus. Des diplomates parlent de plus de 100 000 tués et l’ONU a maintes fois averti que le bilan s’alourdirait si l’on ne portait pas secours immédiatement aux quelque deux millions de sinistrés, dont seulement 500 000 auraient reçu une assistance.
D’après des représentants de l’ONU à Bangkok, les opérations de secours permettent de répondre à 10 % des besoins en eau potable, vivres et matériels. Des régions du sud-ouest, où flottent des centaines de cadavres, sont coupées du monde, a reconnu le régime qui veut contrôler la distribution de l’aide internationale. Hier, le ministre de la Planification nationale et du Développement économique a remercié l’ONU et tous les pays pour leurs dons mais a réaffirmé que les Birmans garderaient la main sur l’acheminement de l’aide.