Birmanie : La junte accepte l’aide au compte-gouttes
Article du 12/05/2008
Dix jours après le cyclone dévastateur Nargis, la junte militaire au pouvoir semble faire quelques concessions : le régime birman, réputé paranoïaque et obsédé par la défense de sa souveraineté, a admis son impuissance devant des secours nationaux qui ont du mal à rallier des régions encore sous les eaux et à aider les survivants et a accepté de l’aide étrangère, autre que matérielle.
Certaines régions sont encore quasiment coupées du monde et l’aide y parvient uniquement par largages aériens, a reconnu le ministre birman de la Planification nationale et du Développement économique, cité par le journal officiel New Light of Myanmarn.
Depuis hier, le rythme d’arrivée des secours étrangers pour les quelque deux millions de sinistrés du cyclone s’est donc légèrement accéléré. Les équipes étrangères de secours continuent néanmoins de faire face à d’importantes difficultés logistiques et administratives, en particulier pour obtenir des visas pour les travailleurs humanitaires.
L’aide entre encore au compte-gouttes parce que le régime birman reste extrêmement réticent à ce que les opérations de secours soient dirigées par des étrangers. Dès avant la catastrophe, la Birmanie, où l’armée est au pouvoir depuis 1962, était l’un des pays les plus reclus du monde.
Malgré tout, les Etats-Unis - qui considèrent la Birmanie comme l’une de leurs bêtes noires - ont envoyé un appareil C-130 rempli de plus de douze tonnes de matériels, notamment des unités de traitement de l’eau, des moustiquaires et des couvertures. Ce vol américain est en soi un événement puisque depuis plus de dix ans, la Birmanie est frappée par des sanctions américaines mais aussi européennes. Par ailleurs, un bateau de la marine française chargé de 1 500 tonnes de secours doit partir de Madras en milieu de semaine pour le pays.
Nonobstant, le gouvernement birman, qui remercie les Nations Unies et tous les pays pour les nombreux dons au profit des sinistrés, entend garder la haute main sur la distribution de l’assistance internationale.
Mais cette aide reste bien en deçà des besoins gigantesques de la population birmane après l’une des pires catastrophes naturelles de l’histoire récente. Le bilan officiel provisoire s’établit à 28 458 morts et à 33 416 disparus. Des diplomates évoquent plus de 100 000 tués. Et des ONG parlent de millions de sans-abri.
