Pénalisé par la hausse du pétrole et la crise économique aux Etats-Unis, Air France-KLM s’attend à souffrir. Le premier groupe aérien mondial table sur une nette baisse de ses profits cette année, selon un communiqué diffusé ce matin.
Pour l’exercice en cours, le transporteur aérien table sur une facture pétrolière à 5,7 milliards d’euros, contre 4,6 milliards d’euros l’exercice précédent. « Dans ces conditions, et sous réserve que les conditions de marché se maintiennent, le groupe a pour objectif de dégager un bénéfice d’exploitation nettement positif de l’ordre d’un milliard d’euros », ajoute le document, diffusant pour la première fois un objectif de résultat.
Pour l’exercice 2007-2008 (clos fin mars), il était de 1,405 milliard, en hausse de 13,3 % comparé à l’exercice précédent. Le chiffre d’affaires a progressé de 4,5 % à 24,114 milliards d’euros, selon les chiffres publiés ce matin. Le bénéfice net a reculé de 16 % à 748 millions d’euros. Ceci est dû en partie à une provision de 530 millions d’euros passée par le groupe au quatrième trimestre pour faire face à d’éventuelles conséquences des enquêtes lancées en 2006 aux Etats-Unis et dans l’Union Européenne sur des ententes dans le fret aérien.
Mais Air France - KLM espère mieux résister que ses concurrents, a déclaré son directeur financier, Philippe Calavia.
La compagnie s’estime mieux armée que la plupart de ses concurrents en raison de sa politique de couverture pétrolière - qui consiste à acheter à terme du pétrole pour se protéger d’éventuelle hausse - lancée depuis une dizaine d’années et de sa flotte particulièrement jeune, notamment dans le long courrier, donc moins gourmande en carburant.
Pour 2008-2009, les besoins en carburant de Air France-KLM sont couverts à 78 % à un baril dont le prix est compris entre 70 et 80 dollars, a précisé Philippe Calavia alors que le baril de brut est aujourd’hui à 135 dollars.
En outre, la semaine dernière, Air France et KLM ont notifié un relèvement de leurs « surcharges » carburant et prévenu que celles-ci resteraient en vigueur tant que les cours ne redescendraient pas durablement sous le seuil de 105 dollars.
Selon le dirigeant, beaucoup d’intervenants vont être obligés de réduire leurs activités. « On peut penser que le carburant sera le facteur déclenchant de la restructuration du secteur aérien », a-t-il dit. « Les compagnies aériennes fragiles qui n’ont pas de couverture carburant doivent s’attendre à une restructuration massive (...) Il va y avoir nécessité pour ces compagnies de rejoindre un grand groupe mondial », a déclaré en faisant allusion à demi-mot à Alitalia, qu’Air France - KLM a récemment renoncé à acheter en raison de trop grandes résistances politiques et sociales en Italie et des difficultés économiques.
Pour sa part, la compagnie franco-néerlandaise n’a pas exclu une réduction de sa flotte si le contexte économique lui pèse trop.
