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L’euro fort inquiète

Article du 04/03/2008

A plus de 1,51 dollar, l’euro soulève bien des questions. Alors que les Etats-Unis donnent l’impression de s’accommoder de la glissade du billet vert, chute qui soutient ses exportations à un moment où la croissance américaine ralentit dangereusement, de ce côté-ci de l’Atlantique, l’envolée de la devise européenne inquiète. L’euro qui est passé au-dessus du seuil historique de 1,50 dollar pèse sur les exportations européennes rendues mécaniquement plus chères.
Cette surévaluation de la monnaie unique a hier fait l’objet de critiques de la part du patron du Fonds Monétaire International. Dominique Strauss-Kahn a estimé que le « problème » de l’euro vient d’une BCE « surpuissante » et qui « n’a pas de contrepoids politique en la personne d’un vrai ministre européen des Finances qui serait en charge de la croissance », dans une interview au quotidien français Le Monde.
En zone euro, certains pays, dont la France, reprochent souvent à la Banque centrale européenne (BCE) d’alimenter la vigueur de l’euro par une politique trop focalisée sur la lutte contre l’inflation, qui la conduirait à maintenir des taux d’intérêt excessivement élevés.
Une analyse pas totalement partagée dans l’Eurolanc où les pays divergent sur l’attitude à adopter, certains prônant une action plus vigoureuse face à l’appréciation de la monnaie unique, d’autres y voyant des avantages, puisqu’elle permet notamment d’alléger la facture énergétique du continent, libellée en dollars.
Hier, le commissaire européen aux affaires économiques ,Joaquin Almunia, et le ministre des Finances du Luxembourg, Jean-Claude Juncker, ont réfuté les critiques de DSK. « Nous ne partageons pas l’analyse » de Dominique Strauss-Kahn, a dit ce dernier, faisant valoir que l’action de la BCE « reflète exactement le traité » de Maastricht, qui lui donne pour mission principale de lutter contre l’inflation.
« Lorsque nous avons créé l’Union économique et monétaire nous voulions une monnaie forte, eh bien nous l’avons à présent et nous ne devrions pas nous en plaindre », renchérit le ministre néerlandais des Finances, Wouter Bos.
Toutefois, derrière ce discours, se cachent quelques incertitudes. « Nous sommes préoccupés par les mouvements des taux de change », a déclaré le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, à l’issue d'une réunion à Bruxelles. La situation n’est « pas très encourageante », acquiesce le ministre slovène des Finances Andrej Bajuk, dont le pays, qui a adopté l’euro en 2007, assure la présidence tournante de l’Union Européenne.
Ce manque de cohésion empêche la zone euro d’adopter une attitude plus ferme face à des Etats-Unis qui ne sont nullement pressés d’agir face à la baisse du dollar. Ils l’ont clairement fait savoir lors de la dernière réunion des ministres des Finances du G7 au Japon en février.
Reste qu’une appréciation du billet vert serait la bienvenue pour les Européens. Maniant la chèvre et le chou, hier, Jean-Claude Juncker a tenu à pointer du doigt « dans les propos (récents) des autorités américaines, la phrase significative selon laquelle un dollar fort est dans l’intérêt des Etats-Unis », reprenant des propos tenus un peu plus tôt par le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet. Une manière d’inviter Washington à mettre en pratique ses promesses d’oeuvrer en faveur d’une appréciation du dollar.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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