Liban : Michel Sleimane élu président après 18 mois de crise
Article du 26/05/2008
Michel Sleimane, commandant en chef de l’armée libanaise depuis 1998, a finalement été élu président du Liban après 18 mois de crise au sommet de l’Etat et des violences meurtrières.
Sitôt le président élu, l’actuel gouvernement, dirigé par le Premier ministre Fouad Siniora, est devenu démissionnaire de facto. Les consultations doivent commencer rapidement pour former le gouvernement qui mènera le pays vers les élections générales du printemps 2009.
Le général Sleimane, resté à l'écart des rivalités politiques et confessionnelles, a lancé un appel à l’unité. Il aura pour lourde tâche d’amorcer la réconciliation entre deux camps profondément divisés : la majorité antisyrienne, soutenue par les Occidentaux et l’Arabie saoudite, et l’opposition menée par le Hezbollah chiite, alliée de l’Iran et de la Syrie. Michel Sleimane souhait d’ailleurs l’établissement de relations diplomatiques avec la Syrie, ancienne puissance de tutelle du Liban, et la mise en place d’une stratégie de défense contre les violations par Israël du territoire libanais.
Cette élection amorce la relance des institutions du pays, miné par la crise, par les violences et par la série d'attentats qui a visé depuis 2004 le bloc antisyrien. Michel Sleimane s’est aussi engagé à appuyer la mise en place du tribunal international chargé de juger les assassins de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, tué le 14 février 2005.
Mais le nouveau président a prévenu qu’il ne pourrait assurer seul la sécurité du Liban. L’accord de Doha, négocié in extremis par le Qatar pour sortir le pays de la crise, a soulevé un vent d’optimisme au Liban. Mais, s’il désamorce les tensions, il laisse en suspens des questions de fond, comme celle de l’armement du Hezbollah. Et les violences du début mai à Beyrouth, où des militants chiites de l’opposition et des partisans sunnites du gouvernement se sont affrontés, laissent présager d’une réconciliation difficile. Par les armes, l’opposition a eu gain de cause sur sa principale revendication, une minorité de blocage dans le futur gouvernement. Le Hezbollah, seule milice libanaise encore officiellement armée, sort même doublement gagnant puisque la question de son désarmement n’a pas été mise sur la table.