Décidément, la déprime guette tous les acteurs de la finance. Le groupe de banque et d’assurance belgo-néerlandais Fortis a lancé un plan de solvabilité portant sur 8 milliards d’euros, illustrant les turbulences persistantes d’un marché financier fragilisé depuis 2007 et que 2008 ne devrait pas permettre de remettre sur pieds. « Nous pensons que 2008 sera une année difficile pour notre secteur d’activité et nous n’attendons pas d’amélioration de l’environnement économique rapidement », a déclaré le PDG du groupe Jean-Paul Votron.
Le plan prévoit une augmentation de capital de 1,5 milliard d’euros ainsi qu’une émission d’obligations d’un montant de 1,5 milliard d’euros. Fortis a également décidé de ne pas payer d’acompte sur dividende pour l’année en cours, ce qui devrait avoir un impact de 1,3 milliard d’euros. Enfin, la direction a l’intention de se dégager de biens immobiliers et d’actifs considérés comme « non stratégiques » qui devraient lui rapporter 3,5 milliards d’euros.
Fortis n’est pas la seule banque à crier à l’aide. Depuis le début de la crise américaine des « subprime », de nombreux établissements bancaires ont souffert à des degrés divers de problèmes de liquidités et ont été contraints de chercher des fonds tous azimuts pour assurer leur solvabilité. Le dernier en date avant Fortis était sa concurrente pour la reprise d’ABN Amro, la banque britannique Barclays, qui a annoncé la semaine dernière qu’elle allait lever près de 6 milliards d’euros pour renforcer ses finances.
Selon certains analystes, « si Fortis accomplit son plan, cela doit lui donner une marge financière, ce qui en soi ne dit rien à propos du marché financier, mais leur donne de la réserve au cas où celui-ci devrait encore se détériorer », estime Ton Gietman, de la banque d’affaires Petercam.
D’autres se demandent si la « série noire » va encore continuer longtemps. Pour Jurian Hofman, analyste à la banque d’investissement Robeco, « une série de banques aux Etats-Unis sont en position de faiblesse et des pertes (au sein des marchés financiers) seront encore subies ». Reste à savoir si le groupe belgo-néerlandais clôturera la liste des institutions financières à la recherche de liquidités ou si d’autres le suivront. Cela dépend des conditions du marché or « si la crise du ‘subprime’ semble passer, les Etats-Unis approchent de la récession », ce qui augure d’une fin d'année 2008 « difficile », estime Renate Brand, analyste à la banque d’investissements SNS