Chères lectrices, chers lecteurs,
Depuis quelques séances, les valeurs liées à la défense reculent. Ce mouvement correctif était prévisible : les PER étaient devenus stratosphériques, l’euphorie devait se tempérer. Thales, Leonardo, Rheinmetall et d’autres corrigent. Le marché, comme souvent, corrige brutalement ce qu’il avait survalorisé brutalement.
Mais il faut ici marquer une pause. Pour COMPRENDRE. Et replacer cette baisse dans une lecture plus large, plus stratégique. Car la souveraineté européenne n’est pas un secteur. C’est un thème, un méga-récit, une mutation structurelle du capitalisme européen, un paradigme - pour reprendre le mot à la mode - qui ne s’épuise pas dans la seule défense.
Quand la guerre est revenue sur le sol européen, les marchés se sont précipités sur les valeurs d’armement. Et encore plus depuis le retour de Trump et ses propos sur l’OTAN. Ils y ont agrégé les satellites, forme de défense passive, informationnelle, stratégique. C’était cohérent. Mais réducteur.
Car la souveraineté, pour une zone comme l’Europe, c’est beaucoup plus que la défense militaire.
Il y a d’autres strates dans le grand récit de souveraineté
-Les télécoms, d’abord. Moins spectaculaires, mais tout aussi critiques. Ils ont commencé à monter plus tardivement, plus discrètement, et avec des valorisations encore raisonnables. Et nous en profitons activement dans notre portefeuille Croissance.
-L’énergie, ensuite. Là encore, nous avons anticipé. Nos dernières recommandations — y compris hors de France — le confirment. Et le décollage est en cours.
-Les infrastructures numériques, la cybersécurité, les bases de données : un secteur plus spéculatif, formé de nombreuses small caps, qui alterne poussées et pauses. Mais l’enjeu est immense. Il ne s’agit pas seulement de protection : il s’agit de maîtrise des flux, de souveraineté numérique, d’existence stratégique face aux géants américains.
Et puis, il y a ce qui n’a pas encore décollé :
-La pharmacie, qui attend peut-être la prochaine crise sanitaire pour que la question de la souveraineté redevienne brûlante. Le terreau est là. Le souvenir du Covid aussi.
-L’agroalimentaire, dont on ne parle pas encore, mais qui reviendra. Car aucune souveraineté ne tient sans contrôle de sa chaîne alimentaire.
-La chimie, les terres rares, l’extraction, la transformation industrielle : ces thèmes majeurs sont encore latents. Présents en filigrane dans les discours, mais pas encore dans les prix. Ils viendront.
Notre dossier sur la souveraineté (
www.francebourse.com) n’est pas une réaction. C’est une émanation.
Chez Francebourse, nous n’avons pas attendu que le mot “souveraineté” devienne à la mode pour agir. Nous avons agi bien avant de publier un dossier.
Ainsi, nous avons recommandé et accompagné plusieurs valeurs en lien direct avec ce thème, avec des résultats concrets :
-Avio (Italie) : vendue récemment avec +31 %
-Eutelsat : un aller-retour stratégique, +40 %
-STIF : symbole de souveraineté énergétique (batteries), +60 % sur l’opération, même si un reliquat reste en portefeuille
Et ce ne sont là que quelques exemples. Car ce que nous poursuivons, ce n’est pas une série de "coups". C’est une lecture globale du marché, fondée sur des récits puissants, des stratégies d’États, et des logiques d’investissement pluriannuelles.
La souveraineté, c’est un fait social total
Selon Emile Durkheim, "un fait social est une manière de faire qui s'impose aux individus et leur est extérieure".
Ici, c’est une recomposition du rôle de l’Europe dans le monde. Cela implique de nouveaux budgets, de nouvelles politiques industrielles, une réorientation des flux de capitaux. Ce n’est pas un engouement passager. C’est une ligne de fond du marché pour les années à venir.
Nous avons publié un dossier sur ce thème, que vous pouvez lire ou relire. Et justement, sur la défense, il est bien précisé dans ce dossier qu’il fallait attendre un repli. Qui est désormais en cours.
Mais surtout : retenez que ce thème ne fait que commencer. Il est composite, hétérogène, progressif. Il ne vit pas un cycle achevé, mais un déploiement par strates successives. Et la défense, qui corrige aujourd’hui, n’était que la partie émergée de l’iceberg.
Les autres pans émergeront progressivement; peut-être moins brutalement, comme c’est déjà le cas avec les télécoms, et désormais avec l’énergie.
Chez Francebourse, nous continuerons à l’explorer. Avec notre méthode. Nos filtres. Notre exigence. Car je suis le seul, oui, le seul à convoquer Durkheim pour parler d'investissement en bourse. Et nous sommes les seuls à talonner les +20% sur le premier semestre 2025.
Ce mail n'a pas vocation à vous donner des recommandations précises, ni à vous vendre quoi que ce soit, mais à vous aider à comprendre la complexité de ce fait social et de ses implications boursières.
Je vous dis à très vite pour des recommandations concrètes, arbitrages, etc.
Jean-David Haddad
Economiste & Sociologue
Dénicheur de pépites
A vos côtés depuis 2001