Le 3 novembre dernier, le président pakistanais Pervez Musharraf a déclaré l’état d’urgence dans son pays, suscitant aussitôt une vague de protestations. Le président avait alors invoqué la multiplication des attentats et l’ingérence du pouvoir judiciaire dans les prérogatives du gouvernement pour lutter contre les terroristes islamistes
Cette mesure signifie que tout rassemblement de plus de cinq personnes est interdit. Les nombreuses manifestations de protestation, notamment d’avocats et de magistrats, contre la décision présidentielle ont donc violemment été réprimées. Au total, plus de 1 500 personnes ont été emprisonnées ou placées en résidence surveillée.
L’opposition et de nombreux analystes et médias pakistanais considèrent que le général Musharraf, à la tête du Pakistan depuis un coup d’Etat sans effusion de sang il y a huit ans, cherche à tout prix à conserver le pouvoir. La menace vient en particulier de la Cour suprême qui doit se prononcer ces jours-ci sur la validité de sa réélection triomphale le 6 octobre dernier, au suffrage indirect des assemblées nationales et provinciales qui lui étaient tout acquises.
La communauté internationale a également demandé des explications. L’instauration de l’état d’urgence relève de la seule souveraineté nationale du Pakistan, a estimé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. Washington a réitéré sa demande pour la tenue des élections législatives prévues pour mi-janvier. Le président Musharraf a promis des législatives à une date « aussi proche que possible » de l’échéance prévue initialement.
