Le billet vert fait parler de lui. Ce week-end, les grands argentiers de la planète, prenant acte du spectaculaire ralentissement de la croissance mondiale, ont revu leur position traditionnelle sur le dollar.
Vendredi, pour la première fois en quatre ans, le Groupe des Sept (G7) pays les plus industrialisés s’est dit « préoccupé » par le possible impact sur l’économie des « fortes fluctuations des principales monnaies ».
Pour Andrew Bush, stratège « changes » chez BMO Capital, il faut maintenant voir si cette évolution est le prélude à une intervention sur les marchés des changes, à des baisses de taux coordonnées ou une hausse des taux américains.
Le G7 a également appelé la Chine à accélérer l’appréciation de sa monnaie, liée au dollar. Car, selon Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France (BdF), lors d’un point de presse en marge des réunions semestrielles du FMI, l’indexation de certaines monnaies sur le dollar, comme en Chine ou dans les pays du Golfe, accélère l’inflation à l’échelle mondiale et peut même causer des troubles sociaux. « L’un des facteurs d’inflation dans le monde à l’heure actuelle tient au fait qu’un certain nombre de pays émergents, qu’ils soient producteurs ou non de matières premières ont lié leur monnaie au dollar américain et suivent donc une politique monétaire très proche de celle de la Réserve fédérale américaine, alors qu'ils ne connaissent pas du tout la même évolution économique », a-t-il expliqué samedi. « Au lieu d’être en ralentissement, ils sont souvent en croissance très rapide, et ont donc une politique monétaire peu adaptée à leur situation. Ils sont alors confrontés à une très grande difficulté pour maîtriser leur inflation, voire constatent que leur inflation accélère très vite », a ajouté Christian Noyer. « Ce qui peut causer des troubles sociaux dans certains de ces pays et c’est un facteur de poussée de l’inflation à l’échelle mondiale », a-t-il insisté, notant que « cela confirme tout à fait la validité du message du G7 qui, d’une façon générale, plaide pour une plus grande flexibilité des taux de changes des pays dès lors qu’ils acquièrent un poids économique significatif ».