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Tour de table pétrolier

Article du 21/04/2008

Le gratin mondial de l’énergie, dont les ministres du Pétrole des principaux pays de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de pétrole) et les PDG des majors pétrolières, se réunissent en début de semaine à Rome pour le Forum International de l’Energie (IEF), sur fond de flambée des prix de l’or noir et de ralentissement économique.
Pendant trois jours de conférence, les intervenants discuteront notamment de l’accès aux ressources énergétiques, de la sécurité des approvisionnements, du manque d’investissements et des énergies renouvelables.

L’OPEP campe sur ses positions

Reste que cette réunion au sommet ne devrait suffire pour amener les pays de l’OPEP à changer de stratégie. Le cartel n’entend pas pomper plus de brut pour apaiser un marché qu’il considère suffisamment approvisionné. Au mois de septembre, l’organisation avait bien relevé ses quotas de production de 500 000 barils mais le cours du baril, loin de marquer le pas, a pris environ 40 dollars depuis.
Les prix du brut ont pourtant quintuplé depuis 2002 et ils ont atteint vendredi le record de 117 dollars le baril. L’OPEP continue à rejeter toute responsabilité dans la flambée des cours du pétrole. Provocateur, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, dont le pays fait partie des « faucons » de l’OPEP, a même affirmé samedi que le baril de brut n’était pas encore assez cher.
Plusieurs membres du cartel, inquiets d’une baisse des prix du brut si la demande mondiale faiblit trop, ont même agité ces derniers mois la menace d’une baisse de production. L’OPEP est d'autant moins encline à doper sa production que l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), qui défend les intérêts énergétiques des pays consommateurs, vient de revoir en baisse pour le troisième mois consécutif ses prévisions de demande de pétrole mondiale pour 2008, à cause du ralentissement économique. L’Agence, qui pressait depuis des mois l’OPEP d’augmenter sa production, se contente à présent de l’enjoindre de la maintenir.
Pour le cartel, la montée des prix n’est pas due à une insuffisance de l’offre mais à « d’autres conditions sur le marché », notamment à la spéculation autour de l’or noir en cette période de crise financière et alors que le dollar s’affaiblit. Selon le ministre algérien de l’Energie et résident du cartel, Chakib Khélil, la responsabilité de l’envolée des prix est due au déclin du billet vert et à la crise économique américaine, qui incite les investisseurs à spéculer sur les matières premières au lieu d’investir en Bourse. « Les demandes des pays consommateurs sont probablement motivées par des raisons politiques plutôt que par un besoin fondamental », a renchéri ce week-end le ministre saoudien du Pétrole et chef de file de l’OPEP, Ali al-Nouaïmi, interrogé par l’hebdomadaire Petroleum Argus.
Côté majors, le discours est un peu différent. Le patron du groupe énergétique italien Enel, Fulvio Conti, estime ainsi que le marché doit donner un « signal clair » de « prix stable de long terme » aux investisseurs, seul moyen pour les compagnies de développer des gisements difficiles et d’accroître leur production. Cela permettrait aussi de « réduire la volatilité des prix » du brut, selon lui.
Un message réitéré par le ministre italien de l’industrie : l’OPEP « s’inquiète de la demande, nous nous inquiétons du fait qu’il n’y ait pas suffisamment d’investissements » et les pays consommateurs doivent donc « donner assez de visibilité sur l’évolution de la demande d’ici 15 ans », a-t-il jugé.
Cela va dans le sens de prix du pétrole durablement élevés. Le patron de Total, Christophe de Margerie, présent à Rome a estimé récemment qu’il fallait un baril entre 70 et 80 dollars « minimum » pour couvrir les coûts élevés des nouveaux projets.

Les majors doivent repenser leur rôle

Ce sommet international en période tendue est et sera également l’occasion pour les grandes compagnies pétrolières de repenser leur rôle.
« Dans les années 1970, les compagnies pétrolières internationales contrôlaient près de 75 % des réserves pétrolières mondiales et 80 % de la production. Aujourd’hui, elles contrôlent seulement 6 % des réserves pétrolières et 20 % des réserves gazières, 24 % de la production de pétrole et 35 % de la production de gaz », le reste étant « aux mains des compagnies nationales », a résumé hier le PDG du groupe pétrolier italien Eni, Paolo Scaroni. « Cela ne signifie pas que les compagnies pétrolières internationales ont perdu totalement leur rôle et sont sur le point de disparaître. Mais cela veut dire qu’elles ont profondément besoin de repenser leur métier afin de survivre et de prospérer dans le nouveau paysage pétrolier et gazier mondial », a-t-il souligné.
Les majors doivent, selon le dirigeant, s’efforcer de renforcer au maximum leur « savoir-faire technologique » pour développer les « projets difficiles », d’avoir une approche « plus intégrée » de leur métier et de travailler sur un horizon de « long terme ». Prises entre « le marteau et l’enclume, elles doivent répondre aux marchés financiers qui exigent des résultats immédiats de court terme » tout en développant des projets qui, par leur nature, sont « de long terme », a reconnu le PDG d’Eni.
Même discours dans la bouche du PDG de la compagnie anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell, Jeroen van der Veer, pour qui les compagnies pétrolières doivent inventer un « nouveau modèle », basé sur « la technologie » et « la capacité de gérer des projets de grande taille ». Pour développer ces projets, il faut prendre en compte « bien sûr les prix du pétrole mais aussi la régulation des émissions de carbone, ou le régime de taxation » du pays concerné, a-t-il souligné.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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