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BCE : La lutte contre l'inflation avant tout

Article du 05/05/2008

Le monde est aujourd’hui tiraillé entre une inflation qui ne cesse de se renforcer et une croissance qui s’annonce pour le moins molle en 2008, alors que l’on s’interroge toujours sur une éventuelle récession des Etats-Unis, première économie mondiale.

De l’autre côté de l’Atlantique, la Réserve fédérale a fait le choix, la semaine dernière, de baisser une nouvelle fois son taux directeur pour le ramener à 2 %. Cette nouvelle révision à la baisse du Fed Fund est destinée à contrer la faiblesse de l’économie américaine. La Fed est depuis le début de la crise préoccupée par le soutien de la croissance. Et depuis l’été dernier, elle a réduit son taux directeur de 3,25 points au total. La banque centrale américaine espère désormais récolter les fruits de cette action, combinée aux mesures destinées à soutenir la liquidité des marchés.
Mais dernièrement, les tensions inflationnistes sont venues piquer les esprits des banquiers centraux américains. Les derniers indicateurs sur l’inflation de base (hors alimentation et énergie) se sont « légèrement améliorés » et la Fed se veut convaincue que l’inflation va se modérer au cours des prochains trimestres. Mais les incertitudes en la matière restent élevées, compte tenu de la hausse des prix de l’énergie et des matières premières. Surtout, les attentes de relance de l’inflation chez les industriels et le grand public semblent avoir progressé ces derniers mois, ce qui risque de poser un vrai casse-tête à la Fed.

De ce côté-ci de l’Atlantique, c’est tout l’inverse. L’inflation n’a de cesse de tourmenter les banquiers centraux alors que la croissance est reléguée au rang de deuxième priorité. L’inflation a affiché en avril 3,3 % sur un an selon une première estimation Eurostat, après un pic de 3,6 % en mars. Le taux reste nettement supérieur à l’objectif de la BCE d’une inflation légèrement inférieure à 2 %.
Car, à la BCE, « l’objectif principal du SEBC est de maintenir la stabilité des prix ». La croissance vient ensuite. « Sans préjudice de l’objectif de stabilité des prix, le SEBC apporte son soutien aux politiques économiques générales dans la Communauté, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de la Communauté, tels que définis à l’article 2 » (article 105, paragraphe 1, du traité). Laquelle Communauté se donne pour objectifs d’obtenir un niveau d’emploi élevé et une croissance durable et non inflationniste, selon l’article 2 du Traité sur l’Union Européenne. La Banque Centrale Européenne reste donc orientée sur la surveillance de l’inflation et la stabilité des prix, ce qui lui vaut nombre de reproches. L’objectif officiel est donc de se placer « au dessous mais à proximité de 2 % » d’inflation. Sans préjudice de cet objectif, elle apporte son soutien aux objectifs économiques de l’Union, c’est-à-dire le maintien d’un niveau d’emploi élevé et l’encouragement d’une croissance non-inflationniste.
C’est moins les pressions actuelles - liées à la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires - qui inquiètent la BCE, car elles les tient pour provisoires, que leurs retombées, sur les négociations salariales. Les syndicats européens exigent des augmentations de salaires conséquentes pour les salariés dont le pouvoir d’achat est entamé par les hausses des prix. Mais aux yeux de la BCE, cela représente un risque de dérapage des prix durable.
Depuis juin dernier, le principal taux européen est donc situé à 4 % sous couvert de ce regain inflationniste néfaste. Et ce statu quo monétaire devrait rester d’actualité lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs, jeudi à Athènes.
Jean-Claude Trichet a encore répété aujourd’hui son aversion pour l’inflation, à l’issue de la réunion bimestrielle du G-10 au siège de la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle. « Les risques inflationnistes sont importants sous l’influence, qui est observée par réellement toutes les économies, d’une succession de hausses des prix de l’énergie et du pétrole, des prix des matières premières d’une façon générale et des produits agricoles et alimentaires. Ceci est perçu dans toutes les économies sans exception », a expliqué le dirigeant français. « Les prix alimentaires sont l’un des problèmes que nous signalons constamment. C’est un élément supplémentaire s’ajoutant aux prix de l’énergie, aux prix des métaux et à un certain nombre de prix des matières premières ; c’est vraiment au niveau mondial un phénomène très important », a-t-il dit.
Le président de la Banque Centrale Européenne estime en revanche que la croissance mondiale demeure forte « malgré le ralentissement observé dans un certain nombre de pays industrialisés et grâce à la remarquable résistance d’un grand nombre de pays émergents ».

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP

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