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Le retour de l’ « hyper-président »

Article du 27/05/2008
Depuis le début de la semaine, Nicolas Sarkozy se veut sur tous les fronts : hier en visite dans une usine à Verberie (Oise) pour parler Smic et intéressement des salariés en entreprise ; tôt ce matin au milieu des étals du marché de Rungis pour évoquer l’emploi et la hausse du brut.
Un rythme qualifié de positif et d’attendu par les Français par la majorité alors que l’opposition a mis en avant les répétitions dans le discours présidentiel. Il faut dire que Nicolas Sarkozy revient depuis hier sur des thèmes qui ont été chers à sa campagne présidentielle et qui avaient été lancés au début de sa mandature.

Favoriser les salariés en entreprise

Pour Nicolas Sarkozy, « gagner plus », ce n’est pas seulement « travailler plus ». C’est aussi mieux profiter des fruits de son activité. D’où l’intéressement. Hier, dans l’Oise, le chef d’Etat est revenu sur son projet de réforme de l’intéressement (qui est facultatif) et de participation (obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés) aux bénéfices des entreprises.
Le président a annoncé que l’intéressement aux bénéfices des entreprises allait être doublé « en quatre ans », revenant sur une première déclaration selon laquelle ce doublement se ferait sur cinq ans. « Mon objectif est qu’en rythme de croisière, les sommes distribuées augmentent de 20 % par an. Cela veut dire un doublement en quatre ans », a-t-il précisé.
« Pour chaque centime d’euro d’intéressement, les entreprises bénéficieront d’un crédit d'impôt de 20 % », a-t-il promis. Il a précisé plus tard dans la journée, dans un discours devant les élus et chefs d’entreprises, que ce crédit d’impôt concernerait « les entreprises qui n’avaient pas d’accord jusqu’à présent » et serait versé « pendant les trois ans de l’accord ». « Pour les entreprises qui ont déjà un accord, nous allons les inciter à les renégocier pour les rendre plus avantageux. Ainsi, chaque entreprise qui, par un nouvel accord, versera plus à ses salariés que précédemment, bénéficiera d’un crédit d’impôt de 20 % sur le surplus d’intéressement distribué, et ce pendant les trois ans de son accord », a-t-il ajouté.
Un texte en ce sens sera présenté en Conseil des ministres en juin, a précisé le chef de l’Etat.

Nicolas Sarkozy a également affirmé que la participation pourrait être débloquée « tout de suite » afin de doper le porte-monnaie des Français, très inquiets quant à leur pouvoir d’achat.

Enfin, le président a également annoncé hier que les entreprises qui ne respecteront pas l’obligation de négocier chaque année les salaires de leurs employés verraient « leurs allégements de charge diminués de 10 % ». Les entreprises ont une obligation annuelle de négociations des salaires.

Cet effort envers les salariés s’est aussi manifesté par des annonces concernant le Smic. Le salaire minimum sera revalorisé, à partir de 2010, au 1er janvier, et non plus au 1er juillet comme c’est actuellement le cas, afin de « donner plus de visibilité aux entreprises et aux branches dans leurs négociations salariales », a précisé Nicolas Sarkozy hier.
Le chef de l’Etat a également indiqué qu’une « commission d’experts » devra « faire chaque année » au gouvernement « des propositions de revalorisation du Smic en fonction de la croissance économiques ». « Les règles d’indexation actuelles continueront de s’appliquer », a-t-il également affirmé.

Retrouver le plein emploi

Ce matin, lors d’une visite au MIN de Rungis en compagnie de son épouse, Nicolas Sarkozy a pris la parole pour évoquer sa politique de recherche du plein emploi. Mon « travail, c’est le plein emploi, pas de gérer le chômage », a-t-il déclaré.
Le président a de nouveau vanté « la réforme que nous allons faire sur les chômeurs ». « Il faut indemniser ceux qui n’ont pas d’emploi mais ceux qui n’ont pas d’emploi doivent accepter l’emploi qu’on leur propose, ou alors c’est injuste à l’endroit de celui qui travaille », a-t-il dit.
Toujours sur le thème de l’emploi, le chef d’Etat a affirmé que le chômage allait « continuer de baisser ».

Sur RTL ce matin, le président s’est dit opposé à la fin de la durée hebdomadaire légale du travail de 35 heures en France, réclamée par certains élus de son camp, ajoutant que sa position était « définitive ». « En revanche, ce que je souhaite, c’est qu’on supprime tous les verrous qui empêchaient les Français de travailler », a-t-il dit.

Enfin, soulignant qu’il devait « faire avec la société française telle qu’elle est », il a exclu de porter l’âge de la retraite 63,5 ans, comme le demande le patronat, préférant se concentrer un allongement à 41 ans de la durée de cotisation.

Lutter contre la vie chère

« La vie est chère, la vie est trop chère, la vie est plus chère en France qu’ailleurs et ça ne sert à rien de nier cette réalité », a déclaré Nicolas Sarkozy sur RTL.

Alors que la colère gronde toujours chez les marins pêcheurs confrontés à une hausse des prix du gazole, sur les ondes de RTL, Nicolas Sarkozy a ce matin suggéré aux pays de l’Union Européenne de plafonner le prélèvement de la TVA sur le prix du pétrole afin de limiter les effets de la hausse des cours du brut.
Il faut « poser à nos partenaires européens la question : si le pétrole continue à augmenter, est-ce qu’on ne doit pas suspendre la fiscalité pour sa part TVA sur le prix du pétrole », c’est à dire que « la TVA ne s’appliquerait plus à un niveau de prix », a déclaré Nicolas Sarkozy. « Je ne peux pas le décider tout seul puisque c’est une décision qui serait européenne, mais j’imagine que la France n’est pas le seul pays confronté à l’augmentation des prix du pétrole », a ajouté le président, soulignant qu’il fallait « l’unanimité » dans l’UE pour une telle mesure. La France qui doit assurer à partir du 1er juillet la présidence tournante de l’UE devrait faire de ce thème un sujet fort de sa mandature européenne.
Nicolas Sarkozy a en outre estimé qu’il fallait avoir « le courage de dire aux Français » que l’évolution des prix pétroliers n’allait « pas s’arranger ». « Quand on fait son plein, on est affolé par l’augmentation, même si l’augmentation du plein ne correspond pas à l’augmentation du brut. Ca a quasiment triplé, c’est en voie de quadrupler, ayons le courage de dire aux français ça ne va pas s’arranger », a-t-il déclaré.

Nicolas a également proposé qu’en France « toutes les recettes supplémentaires dues à la TVA sur les produits pétroliers, à partir d’un certain niveau, soient mises dans un fonds qui va nous permettre d’aider les Français qui en ont le plus besoin pour faire face à cette augmentation ». Ce fonds devrait récolter « entre 150 et 170 millions d’euros par trimestre ».
Le taux de TVA sur les produits pétroliers est fixé en France à 19,6%.

Toujours sur la TVA, Nicolas Sarkozy a affirmé qu’il allait « discuter avec les partenaires européens » pour leur proposer de faire baisser à 5,5 % le taux de TVA sur les immeubles à « haute qualité environnementale ».
Il a aussi fait part de sa volonté de « tenir la promesse » de son prédécesseur Jacques Chirac de faire baisser la TVA sur la restauration à 5,5 %, ce qui nécessite un accord des autre pays européens jusque-là refusé.
Il a également souhaité « poser la question de la fiscalité sur les disques et sur la vidéo » pour en ramener la TVA à 5,5 %.

Expliquer sa politique

« Je comprends les attentes, je suis le réceptacle de toutes ces attentes. J’espère que vous voyez qu’on est en train de faire bouger la France, de faire changer la France pour que chacun ait un emploi », a déclaré Nicolas Sarkozy ce matin.
Toutefois, l’opinion ne lui est guère favorable. La dernière enquête de popularité, publiée dimanche, lui accorde seulement 35 % d’opinions favorables, son plus bas niveau depuis son élection il y a un an, les Français lui reprochant en particulier un manque de résultat sur le pouvoir d’achat.
Ce matin sur RTL, Nicolas Sarkozy a assuré qu’il n’y aurait pas de « politique de rigueur » car « cela échoue ». « Je ne crois pas à la rigueur pour une raison très simple : des gens très brillants et très honnêtes et très compétents s’y sont essayés bien avant moi. M. Barre a fait pendant cinq ans une politique qui a été communément décrite comme une politique de rigueur ». Il a également cité « M. Delors ou M. Bérégovoy. Et qu'est-ce que cela a amené ? Plus de chômage, plus de déficit et moins de croissance », a-t-il expliqué.
Soulignant que « la rigueur consiste à tordre les dépenses pour augmenter les recettes », Nicolas Sarkozy a dit vouloir « maîtriser les dépenses pour que chaque centime d’euro dépensé soit bien utilisé et en même temps que dans la colonne des recettes, cela augmente ».

S’occuper de tous les dossiers

Signe du retour Nicolas Sarkozy sur le devant de la scène médiatique, le président a également donné son avis sur de nombreux autres sujets.

En vrac, Nicolas Sarkozy a souhaité la réunion cet automne « d’Etats généraux » de la presse écrite, radio et audiovisuelle pour trouver des solutions aux problèmes économiques qui la menacent. Deux solutions esquissées : favoriser le portage à domicile des journaux et multiplier les points de vente.
En revanche, Nicolas Sarkozy a catégoriquement exclu toute augmentation de la redevance audiovisuelle pour compenser la suppression annoncée de la publicité dans l’audiovisuel public.

Le président n’a pas exclu une « grâce partielle » pour le préfet Jean-Charles Marchiani condamné à 1 et 3 ans de prison ferme pour corruption. L’ancien préfet du Var a été incarcéré hier à la maison d’arrêt de la Santé de Paris.


Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP

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