Depuis l’élection présidentielle qui a reconduit au pouvoir Mwai Kibaki le 27 décembre dernier, les émeutes ont fait plus de 300 morts dans un crescendo de violence qui a conduit hier à la mort 35 personnes, brûlées vives dans une église où elles s’étaient réfugiées près de la ville d’Eldoret (300 km à l’ouest de Nairobi).
Eldoret et Kisumu, situées à environ 80 km à l'est de la frontière avec l’Ouganda, sont les deux villes kényanes les plus touchées par des violences que certains commencent à qualifier de « nettoyage ethnique ».
Des centaines de Kényans de la tribu Kikuyu dont est issu le président Kibaki dont la réélection est contestée avec force par son adversaire Odinga ont fui vers l’Est voire en Ouganda pour fuir des opérations de police et des actes de vengeance d’autres tribus. Dénonçant « une tuerie insensée », la Croix-Rouge kényane a estimé qu’au moins 70 000 personnes avaient été déplacées par les violences.
La communauté internationale a appelé au retour au calme. En réponse, le président Kibaki a convenu « que les dirigeants des partis politiques devraient se rencontrer immédiatement et appeler publiquement au calme ». Un premier pas vers Raila Odinga qui, selon un entretien à la BBC, n’acceptera de « négocier » avec le président que si ce dernier reconnaissait avoir perdu les élections. Raila Odinga accuse Mwai Kibaki de fraude sur au moins 300 000 voix. L’écart officiel entre les deux candidats est de 231 728 voix. La mission d’observation de l’UE des élections générales kényanes a d’ailleurs demandé une enquête indépendante sur les résultats de la présidentielle, estimant qu’elle n’avait « pas respecté les critères internationaux et régionaux d’élections démocratiques ».
