Il y a d’un côté Paris qui a suspendu les contacts diplomatiques avec la Syrie et de l’autre, Damas qui, en réponse, vient d’annoncer qu’elle cessait à son tour de coopérer avec la France sur le dossier libanais.
Au milieu, se trouve Beyrouth qui peine à désigner un nouveau chef d’Etat après onze échecs successifs du Parlement. Le Liban est privé de président depuis la fin novembre en raison d’un conflit entre la majorité soutenue par l’Occident et l’opposition proche de Damas et Téhéran.
La décision de la Syrie fait suite au changement de ton opéré dans le discours de Nicolas Sarkozy. Après son élection à la présidence en mai dernier, ce dernier a, dans un premier temps, rompu avec la politique de son prédécesseur, qui avait suspendu tout contact avec la Syrie depuis l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri en 2005, et il a même appelé le président syrien Bachar el-Assad fin novembre. Nicolas Sarkozy, en signe de bonne volonté, a aussi dépêché deux fois à Damas le secrétaire général de la présidence, Claude Guéant, et le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, qui s’est rendu sept fois à Beyrouth en quelques mois, a de son côté rencontré son homologue syrien début novembre.
Aujourd’hui, face à la crise libanaise, Paris semble avoir perdu patience et a initié un boycottage de Damas accusé de bloquer la situation avec ses alliés de l’opposition libanaise. Dimanche, au Caire, le président français a officiellement annoncé que la France cessait ses contacts avec Damas jusqu’à l’élection à Beyrouth d’un président « de large consensus ».
La réaction de la Syrie ne s’est donc pas faite attendre. Le ministre syrien des Affaires étrangères a accusé la France de faire porter à la Syrie et à l’opposition libanaise la responsabilité de l’échec de sa médiation.
Une douzième tentative pour élire un président est prévue le 12 janvier. Le chef de l’armée, Michel Sleimane, fait figure de candidat consensuel mais l’opposition réclame de discuter avant son élection de la composition du futur gouvernement, ce que refuse la majorité. Les deux camps s’affrontent également sur le vote d’un amendement à la Constitution, nécessaire pour permettre l’élection du général Sleimane.