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Le baril de pétrole bouillonne à 146 dollars

Article du 04/07/2008

A chaque jour suffit sa peine. Le baril de brut enchaîne les records. Hier, l’or noir a dépassé les 146 dollars à Londres et les145 dollars à New York grâce à une aggravation des craintes sur l’offre, avant de refroidir un peu avec le regain du dollar. Le Brent a atteint 146,69 dollars vers 10h00 GMT. Au même moment, le « light sweet crude », échangé à New York, a touché 145,85 dollars le baril. Le baril de pétrole Brent de la mer du Nord pour livraison en août a pris 1,82 dollars à 146,08 dollars, un record de clôture, sur l’InterContinental Exchange (ICE) de Londres. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » pour livraison en août a gagné 1,72 dollars à 145,29 dollars, également un record de clôture.
Le prix du pétrole a plus que doublé en un an. Il s’est renchéri d’environ 50 % depuis le début de l’année.

Tout concourre à cette flambée, aussi bien des facteurs qui sont à l’œuvre depuis le début de l’année et pourraient être appelés de « moyen terme » et des incitations plus « conjoncturelles ». Parmi les éléments contextuels qui ont dopé le baril hier, il faut citer la demande américaine en pétrole. La diminution, mercredi, des stocks américains pose des questions. Les réserves de brut des Etats-Unis ont reculé de 2 millions de barils, à 299,8 millions de barils, la semaine dernière et sont désormais de 15,3% inférieures à leur niveau il y a un an plus tôt, selon le département américain à l’Energie (DoE). Or l’évolution de la consommation énergétique des Américains est très surveillée alors que les Etats-Unis entrent ce week-end dans la saison des grands déplacements estivaux en voiture.
Ce déclin des disponibilités américaines intervient également dans un contexte de craintes sur les approvisionnements, notamment dans le Golfe. Téhéran envisagerait de mettre en place des contrôles sur les livraisons passant par le détroit d’Ormuz, où transitent 40 % des exportations mondiales de brut. L’Iran, quatrième exportateur mondial de pétrole, utilise le chantage pétrolier : il a plaidé mercredi pour un compromis négocié sur son dossier nucléaire tout en brandissant la menace d’une réponse sévère et d’une flambée du pétrole s’il était attaqué. Et en cas d’attaque, il serait « difficile » de remplacer les 4,1 ou 4,2 millions de barils de pétrole de production iranienne, a prévenu le secrétaire général de l’OPEP Abdallah el-Badri, lors du XIXe Congrès mondial du pétrole de Madrid.

Les conditions de l’offre alimentent depuis des mois les inquiétudes. Chaque nouvelle concernant un pays producteur remettant en cause le niveau de l’offre vient semer le doute dans les esprits des opérateurs et impulser une nouvelle hausse des cours du brut. On l’a vu à plusieurs reprises les mois derniers avec le Nigeria. Les investisseurs estiment désormais que les disponibilités sont insuffisantes pour satisfaire la demande, qui ne cesse de croître dans les pays émergents.
Autre facteur « structurel » : la faiblesse du billet vert encourage les achats d’or noir, libellé en dollar.
L’or noir est devenu un véritable objet de spéculation. Les pays producteurs de l’OPEP, qui représentent 40 % de la production mondiale, se servent d’ailleurs beaucoup de cet argument pour ne pas suivre les recommandations des pays importateurs qui appellent eux à une hausse de la production. Le cartel rejette les appels des pays consommateurs à augmenter son offre pour soulager les prix. Selon l’AIE, qui défend les intérêts des consommateurs, il n’a pas engagé les investissements suffisants pour répondre à la demande future.
Ce dialogue de sourds dure depuis de longs mois. Et malgré les tables rondes organisées entre tous les acteurs du secteur, comme dernièrement à Djeddah ou encore dans la capitale espagnole, aucune avancée n’est faite.

En tous cas s’il est un point sur lequel tout le monde est d’accord c’est que l’heure du pétrole bon marché est révolue. Et que de lourds investissements seront nécessaires tant pour répondre à la demande pétrolière, croissante du fait de l’appétit des pays émergents, comme l’Inde ou la Chine, que pour promouvoir d’autres sources d’énergie.
Signe des temps, les pétroles non conventionnels connaissent un essor sans précédent, devenus rentables avec un baril cher, et qui alimentent eux-mêmes la flambée en raison des coûts d'exploitations supérieurs au pétrole conventionnel.
L’Inde va investir jusqu’à 10 milliards de dollars (6,34 milliards d’euros) dans les sables bitumineux du Canada, une mixture dense d’eau, de sable et de pétrole, dont l’exploitation suscite l’opposition des écologistes.

Aux doutes sur les capacités de production s’ajoute l’explosion des coûts de production à laquelle est confrontée l’industrie pétrolière. Christophe de Margerie, le patron du français Total, estime que le coût de production des pétroles exploités dans les territoires lointains ou les eaux profondes, se chiffre à 80 dollars par baril.
« Il ne faut pas s’attendre à ce que les prix baissent fortement » car les coûts de matériel, de main-d’oeuvre et d’exploration explosent, renchérit le président du brésilien Petrobras.

Le cours de l’or noir s’achemine irrémédiablement vers les 150 dollars le baril. C’est le chiffre qu’évoquaient début juin l’OPEP et les analystes de Goldman Sachs parlant d’un baril à 150 dollars durant l’été. L’échéance pourrait même être plus proche.
Et il pourrait ne pas s’arrêter là. Goldman Sachs, la banque d’affaires la plus active sur les marchés de l’énergie et l’une des premières à prédire un prix du baril à trois chiffres il y a plus de deux ans de cela, indiquait en mai que le pétrole pourrait bondir jusqu’à 200 dollars d’ici deux ans dans le cadre d’une « méga hausse »imputable à une déséquilibre entre l’offre et la demande.
De Bakou, le PDG du géant gazier russe Gazprom Alexeï Miller a d'ailleurs tablé sur un baril « prochainement » à 250 dollars.
De tels tarifs ne sauraient manquer bien évidemment de rendre attractifs d’autres sources énergétiques et de modifier considérablement notre développement économique, à commencer par nos habitudes de tous les jours, nous qui sommes devenus de grands consommateurs de produits pétroliers et para-pétroliers.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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